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Grand écran: Alex donne tout pour être Miss France dans un conte de fées luttant contre l'intolérance

Miss.jpgAlors que beaucoup de petits garçons ont envie de devenir super-héros, footballeur, pompier ou policier, Alex, 9 ans, n’a qu’une idée en tête: être élu Miss France. Quinze ans plus tard, il a perdu ses parents, navigue entre les genres, errant comme une âme en peine dans sa vie monotone. Une rencontre imprévue va réveiller son rêve oublié. Il décide donc de participer à la célèbre compétition en cachant son identité civile masculine.

Sept ans après le succès de La cage dorée, Ruben Alves nous plonge, avec Miss, dans les coulisses de l’impitoyable concours. Il suit, jusqu’au grand soir, les différentes étapes du parcours mouvementé et improbable de ce jeune homme qui veut devenir quelqu’un. Ce n’est pas une sinécure, mais Alex va tout donner pour remporter ce titre, pour lui si important dans la quête de sa féminité, de lui-même de sa place dans le monde. Il est aidé dans sa folle entreprise par la famille de coeur pour le moins singulière et pittoresque qu’il s’est choisi. Elle est notamment composée de Thibault de Montalembert méconnaissable en travesti caustique officiant au Bois de Boulogne, Isabelle Nanty, et Pascale Arbillot.

Ce conte de fées en forme de recherche identitaire qui joue avec les codes, lutte contre l’intolérance avec drôlerie, émotion et tendresse. Si le réalisateur évite le militantisme, il se laisse aller à quelques clichés et situations un rien caricaturales. Mais l’ensemble est bien tenu, porté de surcroît par des comédiens convaincants.

Le rôle principal a été confié au sublime, lumineux et parfaitement crédible Alexandre Wetter, à rendre jalouse certaines candidates. Le comédien androgyne, débutant sur grand écran, avait déjà défilé en femme pour Jean-Paul Gaultier en 2016. 

"Je veux inciter les gens à vivre leurs rêves"

Cela faisait longtemps que Ruben Alves avait envie de traiter de questions de genre, de transidentité, mais ne trouvait pas le bon moyen pour amener le grand public à rentrer dans l’histoire. Il ne voulait pas non plus faire un film à sujet. Après plusieurs années, il rencontre Alexandre Wetter, qu’il a repéré grâce à ses photos sur son compte Instagram.

«Il m’a bluffé, c’est lui qui m’a donné l’idée du film», nous raconte le réalisateur de passage récemment à Genève en compagnie de son comédien. «J’ai commencé à écrire après être allé voir le Comité Miss France. Je n’aurais jamais imaginé être aussi bien reçu. Sylvie Tellier n’a pas hésité à me donner son aval. Et pendant un an, j’ai suivi le concours des Miss régionales».

Avec cette fable libératrice traitant de l’acceptation de soi, qui interroge la notion de féminité, Ruben Alves évoque notamment une histoire concernant un ami. «Plus généralement je m’adresse à tous ceux qui se sentent en marge, différents dans une société trop normée, mais aussi à tous les autres . En amenant une certaine légèreté. Le fait qu’un sujet dramatique doit imposer de l’être me dérange. Et je veux surtout inciter les gens à vivre leurs rêves ».

Côté comédien, si Alexandre Wetter était son premier choix, le cinéaste a tout de même fait d’autres essais, histoire de lui mettre la pression. Ce qui a poussé l’intéressé, qui voulait absolument le rôle à aller brûler un cierge… «Ce personnage me passionnait. Il me ressemble beaucoup et en même temps, pas du tout. J’ai aimé le jouer. Au départ j’avais peur de ne pas être légitime. Petit à petit, j’ai pris le pouvoir. Ce fut une aventure intense, riche en émotions».

Le plus difficile pour lui, au-delà de désapprendre son exploration précédente de la féminité (mannequin pour Gaultier) a été de porter des talons hauts et de s’endurcir physiquement. «J’ai perdu dix kilos, j’ai fait énormément de sport. De la barre au sol, de la corde à sauter».

Parfait en Miss, Alexandre Wetter, dont le propre rêve d’enfant était d’être Indiana Jones, a d’autres envies sur grand écran. «J’adorerais interpréter un tueur à gages, un salopard, aller au-delà de moi-même, faire des cascades. Et puis peut-être qu’un jour je pourrai écrire, réaliser…»

En ce qui concerne Ruben Alves, une bonne nouvelle. Il n’y aura pas besoin d’attendre de nouveau sept ans pour voir son prochain film. Il est déjà en train de plancher sur une satire de la consommation.

« Miss », à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 28 octobre.

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