Il n’y a pas que le coronavirus qui tue. La mort, dans la nuit de jeudi à vendredi de Francis Reusser des suites d’une longue maladie, est là pour le rappeler. Né à Vevey en 1942, le cinéaste s’est beaucoup inspiré, en 60 ans d’une carrière commencée à la télévision, de la Suisse, de ses paysages et de l’écrivain Charles-Ferdinand Ramuz. Il a adapté plusieurs de ses romans, dont La guerre dans le Haut Pays (1998) avec notamment Marion Cotillard et surtout Derborence, en 1985.
Filmée en Valais, l’œuvre, sélectionnée en compétition à Cannes, César du meilleur film francophone, a été son plus grand succès populaire. Elle raconte l’histoire d’Antoine, jeune berger enfoui avec d’autres sous les rochers après l’éboulement d’un pan de montagne. Survivant, il n’aura de cesse d’aller rechercher ses compagnons.
Neuf ans auparavant, en 1976, il avait reçu le Léopard d’or au Festival de Locarno pour Le Grand Soir dans lequel il revenait sur ses années de militantisme et ses désillusions d'après. Parmi les autres métrages de Francis Reusser, on citera encore Jacques et Françoise (1991). L’action se passe en 1788. Amoureux de la fille de son maître, Jacques est envoyé dans une ferme française pour la traite. Il ne pourra épouser sa chérie qu’après la Révolution française.
Francis Reusser, auteur engagé, très cinéphile, un peu rebelle, aimant le débat, a touché à tous les genres. Il est repassé pour la dernière fois derrière la caméra en 2018 avec La séparation des traces, un documentaire où il part à la recherche de son passé. La RTS consacrera mardi prochain une soirée spéciale au réalisateur, scénariste et acteur à l’occasion. Il a joué deux petits rôles chez Alain Tanner dans Charles mort ou vif et Jonas qui aura 25 ans en l’an 2000.