Acteur, auteur, metteur en scène, Alexis Michalik signe son premier long métrage avec l’adaptation d’ Edmond, sa pièce sur l’histoire de la création chaotique de Cyrano de Bergerac, qui lui a valu cinq Molière. Le scénario, écrit à la base pour le cinéma, n’avait pas eu l’heure de plaire aux producteurs. Qui ont changé leur fusil d’épaule suite au succès remporté.
En 1897, les auteurs redoutant que le cinéma né deux ans auparavant supplante le théâtre, tentent de s’emparer de sujets contemporains. Le jeune Edmond Rostand (Thomas Solivérès), persiste dans l’inverse mais, en panne d’inspiration, se désole. Il n’a rien écrit depuis deux ans et vient de connaître un flop retentissant.
Tentant le tout pour le tout, le dramaturge d'à peine trente ans propose à la star de l’époque Constant Coquelin (Olivier Gournet), soutenu par la grande Sarah Bernhard (Clémentine Célarié), une pièce comico-romantico-héroïque, en vers.
Mais Rostand n’a pas la tâche facile. Il doit affronter la jalousie de sa femme (Alice de Lencquesaing) envers la costumière Jeanne d’Arcy (Lucie Boujenah), sa muse qui lui inspire des vers passionnés, supporter les caprices d’une actrice sur le déclin (Mathilde Seigner), les exigences de ses producteurs (Simon Abkarian et Marc Adreoni) et se heurte à son rival Georges Feydeau (Alexis Michalik).
Balayant obstinément tous les obstacles, Edmond se met à écrire cette pièce à laquelle personne ne croit et dont il n’a que le titre: Cyrano de Bergerac. Elle deviendra l’une des plus célèbres de la littérature française et la plus jouée.
Entre théâtre filmé et cinéma
Pour cette reconstitution académique de la Belle Epoque, dans une atmosphère à la Marcel Carné où on retiendra les qualités littéraires de la pièce originale, les références culturelles liées au patrimoine, de jolis traits d’humour et une belle énergie, Alexis Michalik oscille un peu laborieusement entre cinéma et théâtre filmé.
Côté comédiens, Thomas Solivérès séduit, se coulant avec un rien de maladresse et un fol enthousiasme dans le costume d’Edmond en pleine ébullition créatrice. On n’en dira pas autant de Mathilde Seigner et Clémentine Célarié qui cabotinent à outrance. Quant à Olivier Gourmet, il s’en tire plutôt bien en Constant Coquelin. Mais, à l'image de tous ceux qui se sont frottés au mythique héros, il nous rappelle, lorsqu'il s'y mesure, l’excellence de Gérard Depardieu dans le rôle que lui avait confié Jean-Paul Rappeneau en 1990.
A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 9 janvier