Vittoria, une gracile et timide rouquine de dix ans, vit avec ses parents dans un petit bled reculé de Sardaigne. L’amour débordant de sa maman Tina (Valeria Golino) la console d’être souvent rejetée par les autres enfants à cause de sa chevelure flamboyante.
A l'occasion d'une fête, Vittoria (Sara Casu) rencontre Angelica (Alba Rohrwacher). Elle est fascinée par cette blonde fantasque au teint diaphane, une allumeuse provocante à l’esprit libre et au tempérament explosif. Le contraire de sa mère ultra protectrice, conservatrice, responsable et posée. Elle lui rend de plus en plus fréquemment visite dans sa ferme, à quelques kilomètres du village, provoquant l’inquiétude et la jalousie de Tina.
Le malaise s’installe et Vittoria comprend assez vite qu’un secret liant les deux femmes est à l’origine de leur affrontement croissant. Elle n’est pas la fille de la sage Tina, à qui l’irresponsable Angelica, accumulant les dettes et les hommes, incapable d’élever une enfant, l’avait confiée. Tout en arbitrant ce combat entre la madone et la putain, la fillette, d’abord choquée et ne sachant à quel modèle se vouer, va courageusement finir par trouver sa propre identité.
Figlia Mia, mélodrame émouvant en forme de chronique féminine avec références à la tragédie grecque, porté par trois comédiennes très convaincantes, est signé de l’Italienne Laura Bispuri. Elle avait séduit avec Vierge sous serment, où Alba Rohrwacher jouait déjà le rôle-titre. Amatrice de contrastes, la réalisatrice a choisi, après le froid de l’Albanie où se déroulait son premier long métrage, la chaleur et la lumière de la Sardaigne, évitant toutefois soigneusement le côté carte postale.
La complexité de la maternité
Auteur d’un cinéma physique, elle a longuement sillonné l'’ìle pour découvrir des lieux qui s’accordent avec ses protagonistes. "La Sardaigne a une très forte identité et les paysages fonctionnent comme un miroir des personnages", nous dit-elle lors d’une rencontre à Genève. "Et j’avais besoin de cette lumière chaude pour créer l’atmosphère".
Laura Bispuri évoque la maternité à travers le duel que se livrent mère adoptive et mère biologique, si radicalement opposées que cela peut paraître caricatural. "Il ne s’agit pas seulement de cela. D’autant qu’en fait, chacune a son côté noir et blanc. La madone n’est pas un ange et la vamp n’est pas qu’un démon. En plus elles se rapprochent au fur et à mesure du développement du récit".
Par ailleurs, ce dont elle parle surtout, c’est de la complexité de la maternité, en posant la question de la vraie mère. "Moi, je les place au même niveau. Pendant le film, Vittoria apprend quelque chose d’important à propos d’Angelica, qui elle comprend que sa fille peut l’aimer autant que Tina".
Un cordon ombilical entre les personnages
Laura Bispuri a corsé les choses en écrivant trois partitions égales. "C’est très difficile pour tout, le scénario, la mise en scène, l’action. Mais je voulais qu’il y ait un mouvement émotionnel, un cordon ombilical entre mes comédiennes et c’était le seul moyen".
Si le choix d’Alba Rohrwacher et de Valeria Golino semblait évident, il n’en allait pas de même de Sara Casu.«J’ai mis huit mois à la trouver, en cherchant notamment dans les écoles. Je dois avoir vu un millier de gamines. Je la trouve extraordinaire. Elle n’avait jamais joué, ne serait-ce qu’un minuscule rôle dans un spectacle de fin d’année. Et là, elle se révèle. C’est la plus forte des trois. Au début elle est perçue comme une porcelaine fragile et à la fin, c’est une super héroïne… »
A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 12 septembre