Les partitions s’enchaînent à un rythme soutenu pour Kacey Mottet-Klein révélé en 2008, à dix ans, par Ursula Meier dans Home, ce qui lui avait valu le Quartz du meilleur espoir suisse. Poursuivant sa collaboration avec la cinéaste helvétique dans L’enfant d’En-haut, aux côtés de Léa Seydoux, il décrochait cette fois le Quartz du meilleur acteur en 2013.
Après différents rôles (Gainsbourg, vie héroïque, Gemma Bovery, Une mère) on le revoit, sur recommandation d’Ursula sa maman de cinéma, dans Keeper du belge Guillaume Senez, réalisateur fasciné par le monde de l’adolescence. Il y partage l’affiche avec la jolie Galata Bellugi.
Lui c’est Maxime, un garçon charismatique. Elle c’est Mélanie, réservée, sensible, fragile. Deux personnages contraires qui s’attirent. A 15 ans, presque encore des gamins, ils sont amoureux et explorent maladroitement leur sexualité. Un jour Mélanie découvre qu’elle est enceinte. Tout d’abord très réticent pour ne pas dire hostile à l’idée d’être père à son âge, le garçon il finit par s’y faire au point de convaincre sa copine de garder le bébé.
Des accents criant de vérité
Une décision radicale, loin de plaire à tout le monde. Si les parents de Maxime se montrent ouverts et compréhensifs, c’est tout le contraire en ce qui concerne la mère de Mélanie, refusant de voir sa fille vivre ce qu’elle a elle-même vécu, et exigeant du coup qu’elle se fasse avorter.
Elle a même trouvé une clinique en Hollande. En dépit de sa timidité, Mélanie lui tient courageusement tête. »C’est mon corps ‘est moi qui décide » lui lance-t-elle. Une scène majeure, édifiante, comportant de tels accents de vérité qu’elle s'accompagne d’une part d’improvisation, marque de fabrique du film.
Et c‘est justement cette authenticité qui fait la réussite de Keeper, un titre hautement symbolique en l'occurrence, cash et sans fioriture sur ce qu’implique cette situation problématique. Une réussite à tous les niveaux: le scénario intelligent et réaliste, le traitement subtil, parfaitement maîtrisé d’un sujet a priori casse-gueule, la mise en scène fluide et bien sûr l’excellente prestation des comédiens.
A commencer par les particulièrement convaincants Kacey Mottet-Klein et Galata Bellugi qui apportent, outre leur talent naturel, la fraîcheur et la spontanéité de leur âge dans leur façon d'être, de s’exprimer, de marcher, de se tenir.
Continuant sur sa lancée, Kacey Mottet-Klein se retrouve dans Quand on a dix-sept ans, d'André Téchiné, où il donne la réplique à Sandrine Kiberlain. Il interprète Damien, un jeune homosexuel malmené par un autre garçon. Le film sortira l’an prochain
A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 28 octobre.