Décidément j’adore les comiques de la bande à Leconte. Ils sont extraordinaires avec leur foi inébranlable dans le talent incommensurable de leurs poulains, qui ont pour eux valeur de purs-sangs. Et pourtant que cette confiance est le plus souvent mal placée.
Mais qu'importe. Et c’est ainsi qu’à chaque Grand Chelem, on a en quelque sorte deux tournois parallèles. L'officiel avec ses stars habituelles, Djokovic, Federer, Murray, Nadal, en dépit de sa petite forme actuelle, et le français avec en second rideau les Tsonga, Gasquet, Simon ou Monfils, dont on attend toujours monts et merveilles, du côté de nos chers voisins naturellement.
Les deux derniers ayant failli d’entrée, j’imaginais que nos aficionados allaient mettre une sourdine à leurs délirantes dithyrambes. Que nenni, bien au contraire. Car ont surgi deux phénomènes tricolores, Benoît Paire flanqué de Jérémy Chardy. Et attention les génies avec ces champions qui sont, clame Riton sans rire, entrés cette semaine dans une autre dimension.
Et Guy Forget d’en rajouter en s’étalant à l’envi sur les qualités exceptionnelles de Paire, insistant sur son revers supersonique, le plus régulier du top 100, qu’il peut de surcroît jouer de n’importe quel endroit du court et dans n’importe quelle position.
Pareil pour Chardy sur le coup droit, notamment porté aux nues par le célèbre Patrick Mouratoglou, coach évidemment magique car français de Serena Williams, sans qui soit dit en passant elle ne serait bien sûr pas en passe d’égaler l'exploit pharamineux de Steffi Graf!
Bref, tout ça donc parce que les deux nouveaux as parvenaient pour la première fois en huitièmes de finale d’un Majeur, illustrant magistralement la richesse inouïe de la raquette hexagonale en rejoignant alors à ce stade, un record, leurs aînés Tsonga et Gasquet. Du coup, c’était l’espoir fou face à ce jamais vu. Ils vont nous faire un truc de dingues, je le sens, ululait l'inénarrable Henri au comble de l’extase.
Mais les rookies s’y sont piteusement embourbés dans ce quatrième tour. Paire s’est laissé laminer par Tsonga et Chardy subissait la loi impitoyable de Marin Cilic qui, valant à peine un clou ou presque à l'entame de la rencontre, toujours selon nos rigolos, redevenait soudain le redoutable tenant du titre!
Car Leconte et ses potes sont un peu à l'image de la crème antirides. Il y a un avant et un après. Sauf que le résultat est à l’inverse de l’effet souhaité. Avant Paire et Chardy avaient franchi un cap, que dis-je, une péninsule! Après, ils sont malheureusement et comme d'habitude restés en-deça de l'obstacle...