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Grand écran: "Youth" ou le temps qui passe selon Paolo Sorrentino

youth-810x434[1].jpgDeux ans après La Grande Bellezza, le réalisateur italien propose Youth, titre a priori paradoxal vu l'âge de ses protagonistes principaux. Fred, un célèbre compositeur et chef d'orchestre à la retraite (Michael Caine) et Mick, un cinéaste qui travaille sur son dernier film (Harvey Keitel), sont amis depuis des âges.

Négligeant sa famille, Fred a tout voué à son art. Mais il refuse, ignorant jusqu'aux prières de la reine d'Angleterre, de diriger la symphonie qu'il a composée, préférant exercer ses talents face à un troupeau de vaches helvétiques aux cloches inspirantes…. De son côté Mick s'obstine en vain à plancher sur son long métrage testament destiné à sa star favorite.

Octogénaires aigris, ils évoquent le temps qui passe et celui qui leur reste dans un hôtel chic des Alpes suisses où ils se retrouvent chaque année. Avec thalasso luxueuse. On y croise des artistes, une sulfureuse Miss Univers entrant nue dans l'onde sous l'œil béat et un rien égrillard des deux vieux, un Dalai-Lama qui peine à léviter ou encore un Maradona énorme qui, tout en se déplaçant difficilement avec une canne et une bouteille d'oxygène, garde son coup de pied magique.

Autant préoccupés, sinon davantage, par l'état de leur prostate que par le cinéma et la musique, les deux compères observent ce petit monde en se livrant à un bilan nostalgique de leur vie. Un constat nourri de réflexions se voulant drôles, cyniques, cinglantes, décalées.

Michael Caine et Harvey Keitel partagent l'affiche avec Rachel Weisz et Paul Dano. Vers la fin de l'opus, la star favorite de Mick, alias Jane Fonda perruquée et furax, vient faire son numéro, jetant le réalisateur et son œuvre naze aux orties pour un juteux contrat à la télévision. Parce que c'est l'avenir… En-dehors de l'interprétation de ses deux vedettes, de quelques éclats poétiques et humoristiques, Youth se révèle bien peu enthousiasmant. Il n'en touche pas moins au sublime selon les fans du réalisateur.

Revenu pour la sixième fois à Cannes en mai dernier, Paolo Sorrentino avait en effet fortement divisé la critique, certains le huant, d'autres le donnant favori pour la Palme d'Or. Il est reparti les mains vides, comme en 2013. Mais si le jury avait alors boudé la Grande Bellezza, l'opus avait remporté l'an dernier l'Oscar du film étranger.

A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 9 septembre.

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