George enseigne la musique, Ben est peintre. Ils s'aiment et, vivant ensemble depuis 39 ans, décident de se marier. Cérémonie idyllique à Manhattan suivie d’une joyeuse petite fête. Mais les lendemains déchantent quand George est licencié par le prêtre de l’école catholique dont il dirige la chorale.
Du coup, sans son salaire, les deux hommes n’arrivent plus à rembourser le prêt de leur appartement. Ils sont contraints d’habiter chacun de leur côté chez des amis ou des proches, d’accord de les héberger jusqu’à ce qu’ils trouvent un logement à un prix abordable. Pour ces compagnons qui ont construit un quotidien à deux, attendant quatre décennies que l‘état de New York leur accorde le droit de convoler, commence une douloureuse vie loin l’un de l’autre.
Tandis que George emménage chez deux policiers gay, Ben se retrouve à Brooklyn chez son neveu, sa femme et leur fils ado dont il partage la chambre. Une cohabitation intergénérationnelle précaire, avec toutes les tensions que cette situation provoque.
Pour son sixième film Ira Sachs, ouvertement homo, chroniqueur de la communauté new-yorkaise et programmateur d’un ciné-club queer, s’inspire de deux cas réels. Prouvant ainsi que les préjugés pesant sur les couples de même sexe ont la vie dure en dépit de la loi.
Love Is Strange a par exemple été classé R (Restricted) par la Motion Pictures Association of America (MPAA), ce qui signifie qu’il est interdit aux moins de 17 ans non accompagnés d’un adulte. Et cela sous prétexte d’un langage vulgaire. Dans ce cas toutes les grossières comédies «pipicaca» dont le public américain est si friand devraient subir le même sort. Mais il est vrai qu’elles mettent en scènes des couples hétéros… Du coup la MPAA a été accusée d’homophobie.
Et pour cause, Ira Sachs évitant toute scène explicite. Ses deux héros dorment certes ensemble, mais habillés dans deux scènes. Le but du réalisateur est surtout de parler subtilement d’amour et de transmission, en proposant une romance émouvante, douce-amère, pudique, drôle et pleine de tendresse. Elle est formidablement interprétée par Alfred Molina et John Lightgow (photo), le père d’Ann Hathaway dans Interstellar.
Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 12 novembre.