L’an passé, on découvrait la Kumbh Mela réunissant tous les 12 ans plus de 70 millions d’Hindous, venus des quatre coins du pays se baigner dans les eaux sacrées du Gange (photo) pour se purifier et célébrer leurs divinités, grâce à Sâdhu du Suisse Gaël Métroz.
Le film racontait l’histoire de l‘ermite Suraj Baba, isolé depuis huit ans dans une grotte au coeur de l’Himalaya et qui décidait de se rendre à ce gigantesque rassemblement spirituel. Découvrant qu’il ressemblait davantage à une vaste foire commerciale, il voyait du coup sa foi ébranlée.
Avec Kumbh Mela, Sur les rives du Fleuve Sacré, Pan Nalin, cinéaste indien autodidacte, notamment auteur du documentaire Ayurveda: L’art de vivre et du long-métrage de fiction Samsara, deux films ayant connu un large succès, a évidemment aussi placé sa caméra en 2013 au cœur de ce pèlerinage, le plus grand du monde. Large immersion dans une culture différente par le biais d’images saisissantes de foule où se côtoient toutes sortes de personnages, cavaliers, femmes en saris, Sâdhus défilant nus et couverts de cendre, ou soulevant des poids avec leur sexe.
Tout en rendant compte, grâce à certaines scènes tournées pendant 72 heures non-stop, de ce spectaculaire, extraordinaire et impressionnant déferlement humain, encore accentué pour le dernier par un alignement de planètes n’intervenant que tous les 144 ans (quelque 100 millions d’adeptes du 14 janvier au 25 février à Allahabad), l’auteur s’attarde sur quelques individus intrigants.
Sa caméra suit ainsi un jeune fugueur de 10 ans hésitant entre devenir Sâdhu ou mafieux, une mère désespérée à la recherche de son petit garçon disparu, un maître Yogi qui élève seul un bébé abandonné (photo), ou encore un ascète fumant du cannabis. Il nous montre des hommes, des femmes, des vies hors du commun, dans une volonté notable de trouver un angle qui diffère des nombreuses productions cinématographiques sur le sujet.
Reste que ces destins certes émouvants et le plus souvent liés à l’enfance nous éloignent du thème central et des questions qui en découlent. Dont celles venant immédiatement à l’esprit concernant l’organisation titanesque de la manifestation qui n’est qu’effleurée et surtout la dangerosité de ces innombrables plongées communes dans un fleuve particulièrement pollué. Lors des plus grands bains, il y a en effet jusqu’à trois millions de personnes au bord de l’eau…
Film à l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 30 juillet.