Ouverture intrigante sur un décor numérique blanc et aseptisé évoquant une maquette d’architecte. Puis la caméra nous laisse pénétrer dans le bel appartement moderne d’une banlieue marseillaise, où on découvre Ariane, pétillante mère de famille quinqua, en train d’allumer les bougies d’un gâteau.
Elle a l'air heureuse. Avant de recevoir des coups de fil de ses proches et de ses amis qui lui souhaitent un bon anniversaire, mais regrettent de ne pouvoir le fêter avec elle.
Alors Ariane souffle les bougies. Mais surmontant vite sa déception, elle prend sa petite voiture et roule vers le port. Engorgement des voitures, des passagers qui trompent l’attente en sortant de leur véhicule pour danser au son d’un morceau de raï diffusé par la radio..,
Dans la file, Ariane fait connaissance avec un jeune homme qui l’emmène sur sa Vespa, vers un charmant bouchon des calanques, tenu par un fan de Jean Ferrat. C'est dans ce décor et ses environs que l’intrigue va se dérouler et Ariane se consoler de sa solitude au contact d’une communauté plus ou moins farfelue.
Cette fantaisie comme il l’appelle lui-même, est le 18e film de Robert Guédiguian, tout entier dédié à sa femme, son égérie Ariane Ascaride avec qui il collabore depuis 34 ans. On y retrouve aussi les fidèles de sa famille de cinéma, dont évidemment Gérard Meylan (photo), ici en patron de bar, Jean-Pierre Darroussin en chauffeur de taxi mélomane et improbable metteur en scène, ou encore Jacques Boudet qui se rend pour un Américain et se pique de philosophie.
Mais voilà qui ne suffit pas à emballer l'affaire dans cette échappée aux vagues accents felliniens, ou flirtant avec l’univers de Kaurismäki. Alors qu’il se veut léger, comique, onirique, poétique, l'opus n’atteint pas souvent son but. En dépit de quelques scènes amusantes, on perd le fil dans cette chronique inhabituelle chez le cinéaste, qui se regarde avec un certain ennui.
Film à l'affiche dans les salles de Suisse romande dès le 18 juin.