Tout le monde l’encensait. Après une petite baisse de forme à Indian Wells et Miami, Wawrinka remportait à nouveau tous les suffrages en s’offrant une victoire princière à Monaco face au roi Federer. Comme lors de son triomphe à Melbourne, il était porté en triomphe par les médias ensorcelés.
C’était reparti pour louer follement son changement de statut, son entrée "définitive" dans une nouvelle dimension. Aujourd’hui c‘est lui le patron, lisait-on sous la plume des plus grands experts de la raquette. Certes, je reconnais que l’affirmation était tempérée par un prudent "pour l’instant".
Il n’empêche. Wawrinka lui-même, affublé de surnoms un poil ridicules tels que Stanimal, Ironstan ou Stantastic, y allait volontiers de ses propres déclarations tonitruantes selon lesquelles il avait non seulement franchi un palier, mais explosé toutes les barrières qui se dressaient devant lui. N’hésitant pas à se parer dorénavant d’un rôle de favori dans les tournois.
Et notamment dans le Masters 1000 de Madrid, où il avait atteint l’an dernier la finale face à Nadal et où en plus les augures lui étaient favorables, avec notamment le forfait de Djokovic, son plus redoutable adversaire dans sa partie de tableau.
Mais voilà, contrairement à ce qu’on nous a répété à l’envi ces derniers temps, Wawrinka reste malheureusement… Wawrinka. Et à mon humble avis son entraîneur Magnus Norman, qui pensait avoir réalisé le plus dur, a encore pas mal de pain sur la planche pour forger un mental d’acier à son poulain.
En effet, chronique d‘une défaite annoncée, Stan The Man s’est liquéfié d’entrée face à un second couteau, le jeune Autrichien Dominic Thiem, matricule 70 à l’ATP, qui a fait fi des fanfaronnades du Vaudois. Après avoir été balayé dans un premier set, il a repris ses esprits pour enlever gaillardement les oreilles et la queue dans les deux suivants.
Autant dire que pour le prétendu boss des courts c’est la fâcheuse panne de circuit. Et à voir jouer Nadal sur ses terres, il apparaît vraisemblable que l’ogre de l’ocre, apparemment remis de son blues, puisse coiffer le Vaudois à la Race à la fin de l’épreuve madrilène.
Enfin, pour cette semaine, on se consolera avec les remarquables talents de reproducteur (et pour cause également absent d'Espagne) de Rodgeur qui, aussi efficace et performant qu’en Grand Chelem, a peut-être assuré à lui tout seul la relève du tennis helvétique féminin et masculin. Entre Charlene Riva, Myla Rose, Leo et Lenny, peut-être qu’on n’a pas fini de célébrer les exploits des Federer. De quoi donner des envies de procréation au vampire serbe et au pitbull ibère, pour marquer eux aussi plus fortement le monde de lla raquette de leur empreinte…