Nous sommes au carrefour de l’Iran, de l’Irak et de la Turquie au lendemain de la chute de Saddam Hussein. Ex-combattant de l’indépendance kurde, Baran devenu flic est chargé de faire respecter la loi. Il débarque dans un bled livré aux trafics et aux exactions d’Aziz Aga le caïd local, en même temps que Govend, une jolie et courageuse institutrice. Chacun à sa manière est déterminé à se battre pour la justice et l’éducation des enfants.
Second degré assumé pour ce western à la sauce kurde, où se mêlent romance, comédie sociale et farce burlesque. Il donne l’occasion au cinéaste en exil à Hiner Saleem d’évoquer, à travers le portrait et le regard de ses héros, les problèmes de son pays où deux mondes s’opposent.
Face au traditionnel voulant qu’une femme doit obéir à son mari ou ne peut travailler sans son autorisation sous peine de déshonorer sa famille, Govend cherche à conquérir sa liberté. Celle que lui refusent son père et les autres mâles de son entourage, campés sur des conceptions d’un autre âge. Ses aspirations sont partagées par Baran, qui ne cherche pas à la dominer, bien au contraire.
Ensemble ils représentent la modernité, revendiquant le droit de choisir à la fois leur mode de vie, leur conjoint ou leur profession. Ainsi, entre humour burlesque, fausse légèreté et vraie gravité, le réalisateur se plaît à fustiger la difficile condition de la femme, la corruption mafieuse, tout en ridiculisant un archaïque code de l’honneur. Une jolie réussite à laquelle participent largement Golshifteh Farahani (photo) dans le rôle de Govend et Korkmaz Arslan dans celui de Baran.
Film à l’affiche dans les salles romandes dès mercredi 9 avril.