Ce quart de finale devait être l’Everest pour des Kazakhs quasi inconnus et une promenade de santé pour nos as Federer et Wawrinka. Eh bien, franchement la honte, Il s’en fallu de peu que le plus haut sommet du monde ressemble à une vulgaire montagne à vaches pour les adversaires des Helvètes, qui ont dû livrer un véritable marathon et aller au bout du bout, histoire de passer de l‘enfer au paradis et se permettre de continuer à rêver au saladier d’argent.
A l’image des Français qui ont connu de pareilles affres contre les Allemands à Nancy, les Suisses ont en effet mis un temps fou à être galvanisés par le drapeau at home, dans un Palexpo pourtant chauffé à blanc par 16.000 spectateurs complètement acquis à leur cause.
Surtout Wawrinka, bien qu’on ne cesse de le porter aux nues, en revenant inlassablement sur sa victoire à l’Open d’Australie contre le fantôme de Nadal, glosant sur le fait qu’il n’a perdu que trois matches depuis le début de la saison. Mais encore faut-il voir à quel stade lors des deux derniers! Enfin, il est vrai que les choses sont particulièrement durailles pour lui, dans la mesure où il doit constamment battre à la fois son rival et… lui-même, de loin son adversaire le plus redoutable.
Mais le croquignolet de l’histoire restent les commentaires de Pierre-Alain Dupuis et de son consultant Marc Rosset à la RTS, plus fans lambdas que jamais. Ils ont tellement les yeux de Chimène pour leurs idoles qu’ils ne les ont pas toujours en face des trous. Pour eux, tout ce qu’entreprenaient nos deux orchidées noires était absolument formidable qu’elles marquent des points ou alignent les fautes. Souvent "bonnes" d’ailleurs, les fautes!
Ce qui nous a valu en résumé ceci, notamment lors de rencontres décisives du dimanche: fantastique ce service, phénoménal ce lob, génial cette volée, dément ce passing, fabuleux ce slice, inouï cet amorti, prodigieux ce revers, géant ce coup droit. Et cela de surcroît figurez-vous, contre une équipe kazakh méga performante. On se pince. C’était à croire que les numéros trois et quatre à l’ATP affrontaient Nadal et Djokovic au meilleur de leur forme, alors qu’il ne s’agissait que de se débarrasser des 56 et 64e mondiaux.
Les deux inénarrables avaient beau nous seriner qu’en Coupe Davis il n’y a plus de classement qui tienne, il y avait quand même des moments où ils étaient plus pathétiques que nos champions, errant comme des âmes en peine dans le double, face à un troisième couteau flanqué d’un nobody. De quoi cultiver les pires craintes pour la demi-finale en septembre prochain contre les Italiens.