Grand retour à l’écran d’Yves Yersin, l’auteur adulé de Les Petites fugues en 1979. Après tout ce temps onaurait pu craindre qu'il ait perdu la main. Il prouve le contraire avec cette remarquable chronique scolaire à Derrière-Pertuis, un hameau perché sur les crêtes du Jura, dans le Val-de Ruz.
Pendant treize mois, le cinéaste a filmé une douzaine d’élèves de six à douze ans, partageant la même c lasse, dans une école condamnée, sous la houlette de Gilbert Hirschi, qui y a transmis son savoir pendant 41 ans. On pense évidemment à Etre et avoir, du Français Nicolas Philibert, qui avait entrepris une démarche semblable en 2002.
Mais Tableau noir tourné trois ans après et qui a nécessité quelque quatre ans pour venir à bout de 1200 heures de rush, n’a rien d’une copie. Il nous laisse découvrir un merveilleux instituteur, ses valeurs de portée universelle et avant tout sa manière exemplaire, unique, passionnante, inventive d’enseigner, mêlant constamment la théorie à la pratique.
De l’orthographe au calcul, de la physique à l’apprentissage de l’allemand en concoctant une salade de fruit, en passant par la découverte de la nature ou de la spiritualité, tout se transforme en un jeu doublé d’une véritable leçon de vie.
Toujours justes, naturels, spontanés, souvent irrésistibles, rarement têtes à claques mais au contraire ravis d’apprendre, les enfants sont évidemment les premiers acteurs de la réussite de ce documentaire original, qui vous fait passer deux heures de bonheur et d’émotion. Au point qu’on ne peut s’empêcher de verser une petite larme à la fin, quand l’école ferme et que l’instituteur s’en va, sur l’air d’"Adieu monsieur le professeur". C’est voulu, mais on marche.
Film à l'affiche dans les salles romandes dés mercredi 20 novembre.