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Solaire, sensuelle et rebelle, Bernadette Lafont a tiré sa révérence

lafont__130725160929[1].gifSauvage et rebelle, grande comédienne, bombe sensuelle, l’icône du cinéma français dans des longs-métrages pointus ou des comédies populaires, ainsi que son plus beau sourire, comme disait Robert Hirsch, est morte jeudi 25 juillet à 74 ans. Elle avait été transportée d’urgence à l’hôpital lundi dernier à la suite d’un malaise cardiaque. Elle était en tournage avec Valérie Lemercier et Kad Merad pour Les vacances du Petit Nicolas.

Fille d’un pharmacien nîmois qu’elle adorait et pour qui elle a voulu devenir célèbre, égérie de la Nouvelle Vague, Bernadette Lafont a illuminé les écrans de son insolence, de son naturel, de sa voix inimitable, pendant plus d’un demi-siècle.

Le 26 octobre prochain, la populaire et charismatique actrice, à l’affiche de quelque 150 films dont Le beau Serge, l’inoubliable Fiancée du pirate,   La maman et la putanMasques ou encore L’effrontée qui lui a valu le César de la meilleure actrice dans un second rôle), devait fêter ses 75 ans. Un anniversaire qui ne l’angoissait pas tant qu’elle pouvait travailler. Elle avait en outre plein de projets et une passion, les travaux dans ses deux maisons qu’elle adorait arranger. 

Le théâtre et le cinéma ont toujours dominé son quotidien l’ont motivée et fait avancer. Je l’avais rencontrée en janvier dernier pour Paulette, son dernier film à succès où elle incarnait une mamie dealeuse de shit méchante et raciste. Elle s’était pliée au jeu de l’interview avec grâce et humour, dévoilant une part plus intime. En voici quelques extraits :

"Je suis une personne ordinaire qui a vécu une enfance heureuse, s’est le plus souvent bien amusée, et une têtue qui a l’habitude de réaliser ses rêves. Je mène une existence simple, saine, très réglée. Je suis assez monacale, je sors peu, je dors beaucoup. Je suis du matin, dont l’énergie me dope, et une fervente adepte de l’effort physique pour me tenir en forme et me donner à fond dans mon métier… "

"Je n’ai pas la télévision, mais j’écoute beaucoup la radio. Je fais du feu dans ma cheminée, je lis, surtout des biographies. Je suis curieuse de tout ce que je ne connais pas et je n’ai jamais fini d’apprendre… "

bernadette_lafont_015[1].jpgA propos de son anticonformisme légendaire, de son indépendance sexuelle et intellectuelle: "Si vous voulez la liberté, prenez-la, n’attendez pas qu’on vous la donne. C’est ce que j’ai fait. Il y a tant de pièges dans la société. Quant à l’indépendance sexuelle, chaque chose en son temps. Aujourd’hui… Mais il est vrai que je n’ai pas boudé mon plaisir, particulièrement dans les années avant le sida. J’ai eu plein d’amants. Je ne suis d’ailleurs pas la seule. A cette époque on faisait l’amour comme on prenait le thé… "

En dépit de son côté décomplexé, certaines choses la choquaient. Par exemple "la vulgarité, l’incivilité, le spectacle parfois navrant qu’offrent nos politiciens…. Cela me met en colère. Comme l’abandon des vieux qui a inspiré Paulette. Il est parti de l’histoire vraie d’une vieille dame, qui décide de trafiquer du haschisch dans sa cuisine pour ne pas se retrouver à la rue. Aujourd’hui, on veut nier la vieillesse. Tout le monde doit être jeune et beau. C’est fatigant… "

Hélas pour le cinéma, le théâtre et tous ceux qui l’aimaient, elle pourra désormais se reposer. Et rejoindre sa fille Pauline, morte en 1988 dans un accident de forêt. Une tragédie dont elle ne s’était jamais remise, m’avait-elle encore confié.

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