Alors que le sommet du G8 vient de s’achever en Irlande du Nord, sort sur les écrans Diaz, un crime d’Etat. Signé de l’Italien Daniele Vicari, il revient sur la tragique réunion du groupe des huit plus grandes puissances mondiales à Gênes en 2001.
Tout avait commencé par des danses et des chansons, avant de basculer dans une inouïe explosion de violence policière. Causant notamment la mort d’un jeune manifestant de 22 ans et en blessant très grièvement des dizaines d’autres.
Pendant la dernière journée du sommet, un peu avant minuit, plus de 300 policiers prennent d’assaut l’école de Diaz utilisée comme lieu d’hébergement, base logistique et centre des médias alternatifs. Ils sont à la recherche de militants du Black Bloc. Dans l’établissement se trouvent quelque quatre-vingt dix activistes, étudiants européens pour la plupart, ainsi que des journalistes étrangers.
Acculés, n'offrant aucune résistance, ils lèvent les bras en signe de reddition. Les flics n’en ont cure, frappant aveuglément les hommes, les femmes, les vieux, les jeunes. Des scènes très dures, très longues, difficiles à regarder tant le réalisateur s’attarde sur la brutalité des coups, sur les corps meurtris, ensanglantés, les gémissements de douleur.
Tout comme sur celles de la caserne de Bolzaneto transformée en local de garde à vue, où les victimes interpelées passeront trois jours à subir d’autres violences, des traitements dégradants et des humiliations à connotation sexuelle. Un déferlement sauvage qui vous met au tapis.
Tentant de comprendre ce qui a pu conduire à cette effrayante escalade, Daniele Vicari a rencontré les protagonistes de l’époque, activistes et policiers, étudié des heures et des heures d’archives audiovisuelles. Il se livre à une reconstitution rigoureuse, sobre et clinique des faits, donnant à Diaz une indéniable valeur documentaire. Servi par de bons acteurs, son film sous tension dramatique extrême rappelle, par son ambiance lourde, les heures sombres de la dictature et de la torture au Chili et en Argentine.
On pourrait reprocher au cinéaste, dans ce film choc où il multiplie les points de vue en suivant différents personnages, d’avoir choisi uniquement ceux des activistes. Faisant ainsi preuve d’un certain manichéisme. Mais la justice a tranché en sa faveur en condamnant, plusieurs anées après, 74 policiers pour cette monstrueuse bavure, sans précédent en Italie.
Film à l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 19 juin.