Je ne vous le cache pas j’en rêvais, histoire d’éviter un tsunami médiatique hexagonal. Mon favori, celui dont personne ne parle, que tout le monde sous-estime, le vilain petit canard espagnol a donc rempli une partie du contrat. Pour la première fois de sa carrière Ferrer se hisse en finale d'un Grand Chelem en mettant k.-o. Tsonga, le boxeur des courts. Simplement, sans coup férir, en trois sets secs, comme depuis le début du tournoi.
David contre Goliath. Une victoire biblique. Désormais, Il ne lui reste plus qu’à vaincre Nadal, saigneur auparavant du seigneur circuit en cinq manches d’un suspense insoutenable. Certes ce sera le plus difficile. Mais alors que je ne suis pas mécontente de voir Djokovic out suite à Federer, j’avoue que ça me ferait joliment plaisir si la mobylette de Valence avec métronome incorporé damait le pion à l’ogre de l’ocre, le privant ainsi d’un huitième sacre énervant à Roland Garros.
Cela contribuerait peut-être à donner un peu de jus à Rodgeur pour tenter à son tour le record absolu à Wimbledon. Mais je dois reconnaître avoir un mal fou à visualiser la chose après les deux dernières médiocres prestations de la légende sur la terre parisienne.
En attendant nos chers voisins font grise mine. Ils étaient si sûrs de l’incroyable talent et de la formidable sérénité de leur poulain. Des atouts le conduisant droit au sommet. Ils allaient jusqu’à souhaiter, sinon pronostiquer une victoire du vampire de Belgrade, plus facile à battre à leur avis que le taurillon de Manacor.
Dans son émission sur Eurosport Henri Leconte, dernier Tricolore finaliste porte d’Auteuil en 1988, s’est à nouveau pathétiquement illustré en clamant que Jo-Wilfried écraserait son adversaire dans ce dernier carré de tous les espoirs pour tout un peuple. "J'y crois, j'y crois, il va lui marcher dessus", hurlait-il en frisant l'hystérie.
Mais hélas, le transparent numéro six n’égalera pas Riton vingt-cinq ans après. Quant à une éventuelle victoire trente ans après celle de Noah, les Tricolores devront encore davantage ronger leur frein. Pourtant Tsonga ne manquait pas d’une sacrée confiance en lui. Pour ne pas dire que la modestie ne l’étouffait pas.
Dans une interview à France Info où on lui demandait s’il s’entraînait particulièrement pour l’affrontement contre Ferrer, il balayait cette question triviale. De son ton à la Zidane, il susurrait qu’il ne s’était pas spécialement préparé pour l’événement. "Ce n’est pas ma première demi-finale. Ni même ma première finale. Je suis très content de mon tennis et je sais exactement ce que je dois faire".
Apparemment non, étant donné la façon dont l’Ibère lui a sauté à la gorge pour ne plus le lâcher. Et de surcroît sans jouer le tennis de sa vie, Amélie Mauresmo elle-même dixit. Avouez que ça la fiche plutôt mal…