Ce fut juste ce qu'on attendait. En effet, étant donné les circonstances, le plus extravagant eût quand même été que Dracula la perde, cette finale. Du coup, vu son talent, le couvrir de fleurs est limite offensant.
Je résume. Non seulement Djokovic est actuellement le meilleur joueur du monde. Non seulement Nadal, l’ogre de l’ocre qu’il devait en principe rencontrer en demi-finales a dû abandonner en route, tout comme Tsonga. Non seulement enfin, Federer avait déclaré forfait avant le tournoi, à l’image de Monfils. Mais en plus de tous ces absents, le saigneur des courts s’est la plupart du temps littéralement baladé face à des seconds, sinon troisièmes couteaux, avant d’affronter Murray.
Imaginez un peu le parcours de rêve pour remporter ce Grand Chelem parisien après lequel il courait depuis des âges. Tour à tour il s’est imposé contre le Taiwanais Lu, le Belge Darcis, l’Anglais Bedene, l’Espagnol Bautista-Agut, le Tchèque Berdych (seulement un danger pour les autres) et le jeune Autrichien Thiem. Franchement pas de quoi se faire du mouron. Cela n'a pas empêché les commentateurs de s'étonner que le vampire ait réussi à maîtriser ses nerfs jusqu’au bout!
Remarquez, j’ai entendu plus folklorique. Alors que Djokovic menait deux sets à un et 5-2 dans le quatrième face à ce malheureux Andy à l'agonie après avoir remporté la première manche, ils se livraient tous ou presque à de pointues analyses, estimant que la victoire du Serbe paraissait inexorable! Il semble à l’abri, relevaient-ils soulagés sur Eurosport. D’accord, il y a eu un léger sursaut de la belette, terriblement vexée de se laisser atomiser de la sorte, mais de là à chercher à maintenir un suspense aussi ridicule…
Des cocoricos franco-helvétiques
Pour en terminer avec les fins stratèges hexagonaux, le sacre de Dracula n’était évidemment pour eux pas grand-chose en comparaison de celui des Françaises Caroline Garcia et Kristina Mladenovic en double, après 45 ans de disette dans le domaine. Alors vous pensez si c’était en somme le seul véritable exploit de la quinzaine, tous matches confondus!
Sans compter le triomphe de leur compatriote Geoffrey Blancaneaux chez les juniors, douze ans après Monfils. Et au cas où vous demanderiez ce que ses compatriotes en pensent, ce garçon que son père voit déjà numéro un mondial, est énorme, monstrueux, ne lâche rien et a un mental d’acier. Quelle surprise!
Bien entendu, ils n’ont pas daigné mentionner que la Suissesse Masarova avait fait pareil chez les filles, marchant ainsi sur les traces de Martina Hingis et Belinda Bencic. Aussi me vois-je obligée de me fendre d’un petit cocorico helvétique pour vous affirmer que Rebeka a une grande chance d’aller loin. Pour une raison simple. Elle est Bâloise et son modèle, c'est Federer...
Roberta Vinci trop forte pour Serena en demie de l’US Open, Angélique Kerber trop forte pour Serena en finale de Melbourne et Garbine Muguruza toujours trop forte en finale de Roland Garros pour Serena, dont elle brise à son tour le rêve d’égaler en Grand Chelem le record de Steffi Graf. En deux petits sets de surcroît, contrairement à ses deux précédentes adversaires. Avouez que cela commence à faire beaucoup pour l’inamovible numéro un mondiale.
Par ailleurs, nos chers voisins continuent à s’envoyer des fleurs car lle succès des Lopez (confirmant d'abord la vitalité du tennis ibère) sur les Bryan en double, place Nicolas Mahut au sommet de la hiérarchie mondiale dans le domaine.
Cette petite balle jaune, quel stress! A deux points de se faire éliminer au premier tour par Radek Stepanek (qui doit aujourd'hui se dire qu’il reste un sacré cador…) puis balbutiant son tennis contre un illustre inconnu tricolore (déclenchant l'hystérie chez ses compatriotes en extase), Andy Murray terrasse cruellement, au pas de charge et en quatre manches courtes dans le dernier carré, un Wawrinka au bout du rouleau.
La veille, j’aurais aussi aimé croire à la victoire de Bacsinszky, évidemment également donnée gagnante en trois coups de cuillère à pot par les comiques de la RTS. Mais, situation identique pour elle contre la Néerlandaise Kiki Bertens, issue en sus des profondeurs du classement. Autrement posé, à l'image de Wawrinka même absence de combat chez Timea. Sans doute le syndrome vaudois...
D'autant qu'une fois de plus, Martina Hingis a sauvé l’honneur helvétique. Certes, après avoir remporté un wagon de Grands Chelems en double dames et en mixte la saison dernière, le désormais quasi mythique «Santina» a raté le coche en s'inclinant au deuxième tour de Roland Garros. Mais Martina, en compagnie de son partenaire indien Leander Paes, a malgré tout réussi l’exploit de décrocher son 22e Majeur.