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Grand écran: "Le ravissement" raconte l'histoire d'une jeune femme qui s'enfonce dans le mensonge. Original et captivant

Premier long métrage de la Française Iris Kaltenbäck, Le ravissement suit  Lydia (Hafsia Herzi), une jeune sage-femme très investie dans son travail et dont le grand professionalisme rassure les parturientes. Un jour, en rentrant chez elle, son compagnon lui annonce qu’il l’a trompée. Malgré ce coup brutal, elle tient à fêter l’anniversaire de Salomé (Nina Meurisse), sa meilleure amie,. qui lui apprend, au cours de la soirée, qu’elle est enceinte. 

Déboussolée, Lydia erre dans les rues la nuit s’endort dans un bus et a une brève histoire avec le conducteur, Milos (Alexis Manenti). Est-ce la  rupture soudaine?, La grossesse de Salomé? La rencontre avec Milos? Toujours est-il que la vie de Lydia part en vrille, quand elle le revoit à l’hôpital, le bébé de Salomé dans les bras. 

Le mensonge qui fait tout basculer

De façon incompréhensible, Lydia suggère à Milos (par ailleurs le narrateur du film) que cet enfant est le sien. Dès lors, tout bascule. Elle s’enfonce dans le mensonge et l’auteure nous emmène vers le drame, inexorablement mais subtilement annoncé.  

Dans cette œuvre en forme de thriller intime, où elle questionne la maternité et l’amitié, Iris Kaltenbäck. s’est inspirée d’un fait divers brièvement relaté dans un quotidien, pour raconter cette histoire  triste, singulière, originale et captivante. 

Le ravissement, un titre qui évoque à la fois un roman de Marguerite Duras et l’extase, l’idée de s’oublier, de se perdre, est porté par d’excellents acteurs. A commencer par Hafsia Herzi qu’on sent habitée par son personnage. De tous les plans elle se révèle formidable en sage femme dont la réalisatrice a choisi de documenter la pratique, et surtout dans le rôle ambigu de cette femme à la dérive, complexe, mystérieuse, hors-la-loi,  en mal d’amour et en désir d’enfant. 

De passage à Genève, Iris Kaltenbäck, fan d’ HItchcock et de Truffaut,  nous explique ce qui l’a poussée à s’emparer de ce fait divers pour construire son film. « J’ai trouvé beau l’idée qu’un mensonge vienne bouleverser une amitié et soit à l’origine d’une histoire d’amour. Ma meilleure amie a eu un bébé, ce qui a provoqué un bouleversement. Beaucoup d’amitiés se sont délitées autour de cet événement.  Quand on écrit de la fiction, on fait appel au lien entre le personnage et soi,  pour passer d’une situation à l’autre. 

Y a-t-il donc une part autobiographique?

Je ne suis pas Lydia. J’avais déjà un enfant avant. Mais outre la question de  l’amitié, cela m’a permis d’approfondir le rapport à la maternité, à la paternité, au couple, de m'interroger à propos de l’injonction qui pèse sur les femmes. De les regarder d'une nouvelle manière.   

Quel est l’élément déclencheur du premier mensonge de Lydia, qui se mue en spirale infernale?

Je n’essaye pas d’y répondre. Il y a différents points de vue. J’assemble des pièces. Au départ, Lydia n’est pas obsédée par le fait d'avoir un bébé. Elle a juste un besoin fou d’être aimée. C’est une sage-femme qui dérape, passant du soin médical à un soin qui la dépasse, qui grandit. Elle se surprend à s’attacher à ce petit être  et se crée une fausse famille basée sur un mensonge mais des sentiments vrais.

Une dernière remarque. Vous parlez aussi beaucoup de solitude.  

Oui, il y en a trois qui se côtoient. Très active, Lydia vit à contre-courant. Issu de l’immigration, Milos est également un peu en marge. Quant à Salomé,, son existence était toute tracée, mais elle va se confronter à la solitude du post partum. 

"Le ravissement, à l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 11 octobre. 

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