Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Grand écran: "The Irishman", passionnante fresque mafieuse de Scorsese. Avec le trio De Niro, Pacino, Pesci

sciorsese.jpegAprès vingt-cinq ans, Robert de Niro opère un retour remarqué devant la caméra de Martin Scorsese, qui pour son vingt-cinquième long-métrage annoncé et attendu depuis dix ans, revient au film de mafieux. Le genre a fait sa légende, de Mean Streets à Gangs Of New York, en passant par Casino et Les infiltrés.

Finalement produit par Netflix à hauteur de 175 millions de dollars, suite à d‘interminables difficultés financières, The Irishman est visible en exclusivité au Cinérama Empire de Genève, à raison de deux séances par jour, avant sa diffusion sur la célèbre plateforme de streaming le 27 novembre.

Basé sur le livre de Charles Brandt I Heard You Paint Houses (titre en référence au meurtre de quelqu’un), le film se penche sur Franck Sheeran (Robert de Niro). Démobilisé en 1945, la vie de ce chauffeur de camion d’origine irlandaise change après une rencontre fortuite avec Russel Bufalino (Joe Pesci), un parrain de Pennsylvanie.

Ce dernier l’introduit auprès de Jimmy Hoffa (Al Pacino, nouveau venu dans la famille Scorsese), pratiquement considéré à l’époque comme le deuxième homme le plus puissant du pays après le président. On le prétendait par ailleurs aussi populaire qu’Elvis Presley et les Beatles. Dirigeant corrompu des Teamsters, le syndicat des routiers, il avait mystérieusement disparu en 1975. Alors que Sheeran aurait avoué l’avoir tué avant sa mort en 2003, Scorsese règle la question.

Petite histoire de la mafia et grande histoire de l'Amérique

Cette fresque en forme de requiem étiquetée chef-d'oeuvre, ouvre sur le vieux Franck assis dans un fauteuil roulant. De son EMS, il évoque son ascension dans la pègre, faisant défiler une période de son existence s’étalant sur une trentaine d’années. Elle mêle la petite histoire de la mafia avec ses gangsters, ses vengeances sanglantes, ses meurtres au coin des rues, l’univers de Little Italy, à la grande histoire de l’Amérique, notamment celle de la famille Kennedy et de JFK, son illustre représentant, La baie des cochons et l’affaire du Watergate.

Ce récit en flashback nous emmène parallèlement dans un road trip avec les couples Sheeran et Bufalino, qui se rendent au mariage de la fille de ce dernier. Le voyage est prétexte à quelques séquences comiques, un humour qui se retrouve dans une autre balade en voiture, dont l’abracadabrantesque, irrésistible et déjà culte scène du poisson...

Entre action et méditation, mélancolie contemplative, souvenirs, regrets, exploration de thèmes inattendus en l’occurrence, universels, dépassant le milieu du crime organisé, le réalisateur livre un opus minutieusement structuré, méticuleux dans les détails, fluide dans son scénario et sa narration. Du scorsésien pur sucre où on retrouve le ton caustique de l’auteur, les incessants bavardages, le côté kitsch parfaitement assumé.

Un rajeunissement numérique relativement réussi

image.jpgCette fresque séduit et émeut aussi évidemment par son casting cinq étoiles. On salue la volonté de Scorsese de redonner un (ultime?) grand rôle à des acteurs dont certaines dernières apparitions à l’écran peinaient à convaincre. Ils nous touchent avec leurs gueules de truands, la retenue de De Niro le disputant aux explosions de Pacino (photo) et à la malignité de Joe Pesci. Sans oublier Harvey Keitel.

Mais s’ils se révèlent au top, on a quelques réserves à propos de leur rajeunissement numérique. Un procédé très coûteux choisi par Martin Scorsese pour permettre à ses héros d’être crédibles en traversant les décennies. Le résultat est relativement réussi, à cause du décalage entre les visages déridés et les corps fatigués qui révèlent leur âge dans leur comportement et leur démarche.

Dans la course aux Oscars

Mais on finit par s’y habituer, et de toutes façons l’essentiel est qu’on ne s’ennuie pas une seconde pendant les 3 heures 28 d’un film où les intrigues s’enchaînent et se croisent tambour battant. Ce rythme d’enfer précipite tout droit The Irishman dans la course aux Oscars. Il fait déjà figure de favori dans les catégories de Meilleur film et Meilleur réalisateur. Pour autant que l’industrie hollywoodienne accepte de le récompenser! 

De son côté De Niro pourrait rafler la statuette de l’acteur (attention tout de même à Joaquin Phoenix impérial dans Joker), tandis que Pacino et Pesci seraient en concurrence pour celle du second rôle. Au cas où, il s’agirait d’un nouveau triomphe pour Netflix, qui a déjà vu Roma d’Alfonso Cuaron remporter le Lion d’Or à la Mostra de Venise en 2018. Un nouveau pied de nez qui fait encore davantage frémir la profession.

The Irishman, à l’affiche au Cinérama Empire dès mercredi 13 novembre et bientôt au Bellevaux à Lausanne. A noter que l’exploitant de la salle genevoise, Didier Zuchuat, montrera dans la foulée deux autres productions Netflix, "Marriage Story" de Noah Baumbach et "The Two Popes" de Fernando Meirelles.

Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine

Les commentaires sont fermés.