Deux petits tours étaient passés à Roland Garos et tout était déjà joué. Mais qui va donc arrêter le prodigieux, le surnaturel Gaël Monfils, s’effaraient les commentateurs hébétés, sous le choc de la nouvelle victoire d’anthologie contre le Letton Ernests Gulbis, après son triomphe contre Berdych.
Pourtant des surhommes limite plus redoutables que l’idole. C’est d’ailleurs le péché mignon des Français de maximiser le talent de leurs poulains en portant aux nues celui de leurs adversaires. Donc je ne vous raconte pas celui de Tommy Robredo (photo), à côté duquel l’ogre Nadal avait en quelque sorte paumé ses bottes de sept lieues. La preuve, ses deux sets malencontreusement égarés sur l’ocre parisien.
Mais évidemment ils ne le pensaient pas vraiment et voyaient leur pur-sang préféré, leur showman au tennis champagne se remettre à courir comme un lapin vers le prochain tour. D’autant qu’après avoir fièrement tricoté les deux premières manches et malgré une maille filée dans la troisième, il ne s’offrait pas moins de quatre balles de matches dans la quatrième. Dont deux sur son service.
Du délire dans les rangs. On vous l’avait bien dit. Ce Gaël-là est monstrueux. Un mutant, un Martien qui fait trembler la terre avec son génie intergalactique. Logique, il avait préparé le séisme lors de son récent brillant parcours, une fantastique victoire Bordeaux, puis une extraordinaire route jusqu’en finale à Nice. Des tournois de campagne, mais peu importait alors.
Et puis funérailles, la bérézina, le champagne éventé avec le ressort cassé de l‘extraterrestre terrassé. Assez logiquement déclaraient du coup ses fans de l’antenne désespérés. Eh oui, que voulez-vous? La coqueluche, la lumière de la porte d’Auteuil était quand même arrivé un peu fatigué porte d’Auteuil suite à... sa fantastique victoire à Bordeaux et sa sublime finale à Nice.
Mais l’inconstance crasse des fins analystes de la télé n’est plus à démontrer. Perruche aux allures de perroquet, Pierre-Alain Dupuis s’égosillait à damer le pion à ses confrères hexagonaux. Pour lui, quand Robredo marquait un point c’était l’expérience qui parlait et quand il en perdait un, c’était l’âge qui coinçait!
En cas de défaite de l’Espagnol vous auriez sans doute entendu en gros ceci : Tommy s’est montré héroïque, mais à 31 ans, il ne pouvait faire des miracles. Et naturellement l’inverse dans la situation contraire…
Quant à Jean-Marc Rossier, qui connaît le tennis mieux que sa poche, il avait fait du Tricolore son outsider numéro un pour soulever la Coupe des mousquetaires. Il ne reste plus à espérer qu’il ne va pas commettre pareille sottise en causant de Stanislas Wawrinka. A l’image de certains autres hurluberlus qui ont désigné le Vaudois comme vainqueur potentiel.