A chaque Roland Garros, c’est pareil. Mais cette année, nos amis français s’excitent davantage que d’ordinaire, vu que la chose a date de 30 ans. Oui, vous avez compris, les voici repartis sur le sentier de la gloire avec la victoire de Noah le 5 juin... 1983. Son seul et unique succès en Grand Chelem.
Cela n’empêche pas une grande interview de l’icône sur Eurosport, pour revivre une nouvelle fois l’extraordinaire événement qui a fait entrer le tennisman, reconverti dans la chanson depuis 1991, dans le cœur de ses compatriotes. Pour ne plus en resssortir. Et que, la pluie aidant, la chaine risque de nous retransmettre à l'envi...
On y voit l’idole de tout un peuple un rien lassée de faire le buzz après tout ce temps. Encore que. Jouant les modestes, Yannick n'assure pas moins fièrement qu’au filet on ne le passait pas. A se demander pourquoi il n'a réussi à remporter que 23 tournois en simple, pas tous prestigieux de surcroît, avec un tel atout dans sa raquette.
D’accord, il a mené la France en finale de Coupe Davis en tant que joueur et à deux reprises au sommet en tant que capitaine. Ce n’est pas rien, je vous le concède. Mais quand même assez pathétique de voir nos chers voisins aussi béats en pensant à son incomparable génie. Imaginez leur état (et du coup le nôtre) s’ils avaient un champion de la trempe de Federer, Nadal, ou Djokovic à se mettre sous la rétine.
Remarquez, tout en traitant Sa Grâce un poil par-dessous la jambe, eu égard à ses capacités "moyennes" sur l'ocre parisien, ils ne se privent pas de s’extaxier sur l’incroyable talent des hypothétiques successeurs de Noah au triomphe Porte d’Auteuil. Car à entendre les commentateurs, de Tsonga à Gasquet en passant par Simon, Paire ou Roger-Vasselin, ils ont tous les armes pour aller très loin cette année.
Et je ne vous raconte pas la folie suscitée par Monfils qui a disposé de Berdych en quelque quatre heures. Ce qui a valu au Tricolore d’être qualifié de mutant monstrueux et hallucinant, les trois mots que connaisse en général la consultante Emilie Loit, d’extraterrestre, d’homme venu de nulle part selon l’inénarrable Henri Leconte, après avoir livré un non seulement match non seulement exceptionnel, mais anthologique.
Bref à les entendre, Roland Garros c’est terminé côté grandeur et émotion suite à cette rencontre du… premier tour. On a déjà vu la finale et le reste des concurrents, qui ne feront à l’évidence pas le poids face à un tel exploit. peuvent aller se rhabiller.
Sans aller jusqu’à partager cet engouement dément, je vous avoue que je suis assez contente de l’issue de ce duel. Car si c’était formidable pour Monfils, ça l’est surtout pour Rodgeur, qui a la sale habitude d’échouer misérablement contre le Berdych depuis quelque temps. Et comme le Tchèque figurait dans sa partie de tableau...
Enfin on n’en est pas là. Le Guillaume Tell de la raquette, à qui certains écervelés ont prédit une voie royale jusqu'au bout, a d'autres chats à fouetter. Dont Julien Benneteau, un gros minet en forme de bête noire au troisième tour!