Federer se rassure. C’est bon de gagner enfin. A croire qu’il a remporté son dix-septième Grand Chelem avec ses deux succès aussi étriqués que laborieux, particulièrement le second contre le Français Arnaud Clément, à l’Open d’Estoril.
Alors que s’il ne remporte pas ce minitournoi de campagne portugais les doigts dans le nez, c’est franchement à désespérer. Surtout que les trois autres «ténors» de l’épreuve ont déclaré forfait. Davydenko a le poignet en charpie, Ljubicic les abdos en bouillie et Monfils l’estomac en compote. Mais à part ça, Madame la Marquise…
Et je ne vous raconte pas les atouts décoiffants des chiots qui jappent derrière, le mieux classé pointant au-delà de la trentième place! Bref, de quoi continuer à me ronger les ongles jusqu'au sang pour la semaine madrilène, où «Rodgeur» doit défendre son titre.
Voilà cependant qui n’empêche pas les fans de mettre déjà Sa Grâce parmi les favoris de Roland Garros. Certes derrière Nadal, Verdasco et Ferrer, mais quand même, cela frôle l’inconscience, j’estime.
Remarquez, certains poussent l’aveuglement jusqu’à caser… Wawrinka également vainqueur dans la douleur à Belgrade, dans les dix principaux prétendants à un parcours de luxe. Il est vrai qu’en considérant les performances du Bâlois depuis Indian Wells, il ne serait pas si surprenant de voir le Vaudois fouler plus longuement la terre parisienne que son compatriote. Sauf que d’ici à rallier le bout du chemin, des clous!
De toute façon, n’importe qui peut faire une croix sur le sacre, avec le retour de l’ogre sur l’ocre. Suite au passage de Rafa la tornade à Monte-Carlo et à Rome, il me paraît quasi inutile de la jouer, cette finale.
Même si le jeune Gulbis trouve que l’ouragan souffle nettement moins fort côté coup droit. Une outrecuidance que se permet le petit prince de Riga après avoir été le premier à arracher un set au pitbull en neuf matches.
Raison pour laquelle on compare le réveil du fougueux Espagnol à celui de l’explosif volcan islandais. Une image que balaye tonton Toni d’un haussement d’épaules un rien méprisant. Comble de coquetterie, il trouve les exploits de son neveu d’une rare banalité.
Et pourtant, à l’image du méchant Eyjafjoll qui a obstrué le ciel européen pendant une semaine, l’Ibère au regard de braise risque bien de boucher celui de la légende au cours de la quinzaine Porte d’Auteuil.
Différemment posé, Nadal c’est pour l’instant la lave et Federer les cendres. D’où, grave question existentielle, le phénix en renaîtra-t-il? A Madrid d’abord, à Paris ensuite.