Même si, au milieu d’un concert de louanges, le commentateur de France 2 a glissé cette petite vacherie "Quand Nadal n'est pas là, c'est Rodgeur qui gagne les grands chelems», il faut reconnaître que ce n’est pas banal d’avoir une légende parmi ses compatriotes. J'imagine du coup le déferlement, le raz de marée, le tsunami…
La victoire de Federer n’aura en effet d’égal que le chauvinisme helvétique échevelé qu’elle va déclencher. De quoi battre nos chers voisins à plate couture dans le domaine. D’ailleurs en France, Sa Grâce descendrait les Champs-Elysées en compagnie de Sarko. Là, il devra se contenter de serrer la pince à Hans-Rudolph Merz. Le superpied géant !
Mais bon, on se calme. D’accord, le Phénix a enfin touché au but suite à trois finales ratées. Au risque de me répéter, voilà pourtant qui n’est pas spécialement étonnant. Pour ne pas dire tout bonnement logique. En réalité le Bâlois a simplement fait son boulot de Maître, que lui a de surcroît grandement facilité un Soderling très loin du foudre de guerre annoncé. Je trouve même que sa faible résistance relativise pas mal les trois dernières performances du Viking.
Bref, étant donné tous les superlatifs possibles et imaginables dont les spécialistes habillaient le Maître depuis deux jours, oubliant au passage qu’ils l’avaient vilipendé, voire carrément déclaré bon pour la casse ces derniers mois, c’était franchement le moment que l’As des as nous le gagne ce Roland Garros! Le contraire eût été insupportable, en redonnant du grain à moudre à ceux qui glosaient à l’envi sur son inéluctable déclin.
Passons, car le Génie a au contraire des chances de reconquérir assez rapidement sa couronne, dans la mesure où le pitbull de Manacor serait incertain à Wimbledon pour cause de genou en marmelade. Juste retour des choses. L’Ibère n’avait-il pas profité de la mononucléose du Suisse pour s’asseoir sur son trône ?