On l’appelle déjà le roi du ciment suite sa qualification pour sa deuxième finale de rang à l’US Open. Outre le fait que je trouve cela très exagéré face à Federer et ses cinq trophées, c’eût été un comble que Djokovic n’y soit pas arrivé, étant donné le tapis rouge sang qu’on s’est ingénié à lui dérouler depuis le début du tournoi.
Toutes les conditions étaient en effet réunies pour qu’il se hisse au côté d'Andy Murray les doigts dans le nez. Je veux parler du forfait de Nadal dans sa partie de tableau, de la faiblesse insigne, sinon l’impotence crasse de ses adversaires jusqu’en quarts de finale, pour y rencontrer de surcroît un Del Potro au bout du rouleau.
Et comme si cela ne suffisait pas, il a fallu que les organisateurs continuent à lui faciliter la tâche dans le dernier carré avec leur décision, pour avis de tempête, de reporter son match avec Ferrer au dimanche. Alors que le mille-pattes de Valence avait le vent en poupe, son rival le trouillomètre à zéro et, scandale ultime, que l’ouragan ne menaçait pas avant quarante-cinq minutes! A se demander ce qu’on va encore inventer pour assurer définitivement au Serbe sa victoire contre la belette écossaise.
Par ailleurs avant de délirer follement sur son talent inouïment exceptionnel en cas de nouvelle prouesse dans la Grosse Pomme, j’aimerais quand même rappeler qu’après sa fameuse année 2011, ce brave Novak n’a cessé de devoir partager, voire davantage, ses lauriers avec ses deux autres principaux petits camarades de jeu.
Jusqu’ici par exemple, le trio est à égalité avec chacun un Grand Chelem en poche, Melbourne pour le vampire de Belgrade, Roland-Garros pour l’ogre de l’ocre et Wimbledon pour son helvétique jardinier en chef.
Avec une mention spéciale à l’Ibère qui s’est imposé pour la septième fois à Paris. Et carrément la palme au Suisse, qui a mis Sampras au tapis à Londres avec le même record et empoché son dix-septième titre dans la catégorie reine. Redevenant dans la foulée numéro un mondial et décrochant l’argent aux Jeux Olympiques. On ne peut en dire autant et de loin de Nole, qui s’est rétamé par deux fois sur le gazon british.
Mais on a tendance à oublier ce parcours de rêve, tant compte uniquement l’instant présent. Surtout quand on pense au flop aussi cuisant que pitoyable de ce pauvre Rodgeur sur le béton américain dans ce maudit cru 2012. Il n’empêche que la légende toujours plus légendaire tient également la dragée haute au vampire de Belgrade, ainsi qu’au pitbull de Manacor, en ayant remporté trois Masters 1000 cette saison contre deux seulement à ses dauphins.
Moralité, si Djokovic veut ne serait-ce qu’avoir voix au chapitre, son triomphe lundi à Flushing est juste impératif. Sinon c’est simple, il se la coince. Et tous ses fans avec…