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Cinéma: «Quand tu seras grand", regard humaniste sur un Ehpad et les liens qui se tissent entre vieux et jeunes

Après  Les Chatouilles , où elle racontait le viol qu’elle avait subi à neuf ans par un ami de la famille, Andréa Bescond aborde à nouveau, avec Eric Métayer, un sujet grave, en posant son regard sur les maisons de retraite et leurs dysfonctionnements. Dans Quand tu seras grand, tous deux se penchent non seulement sur la façon dont sont traités ou plutôt maltraités les vieux, mais également les jeunes, tout en évoquant les liens qui peuvent se tisser entre ces deux maillons négligés de la société.

Dans ce film choral, on découvre Yannick (Vincent Macaigne), aide soignant dans un Ehpad (EMS en Suisse). Entre pression permanente , faute de personnel et restrictions budgétaires qui impactent le travail, les soins et la considération dus aux pensionnaires,, il tente de faire face à ces manques de moyens chroniques avec bonne humeur.  

Alors qu’il est déjà à la limite, son quotidien et celui des résidents se complique encore, quand ils doivent partager le réfectoire de l’établissement avec une classe d’enfants et leur animatrice (Aïssa Maïga) dont la cantine est inaccessible suite à des dégâts d’eau. Mais si trop c’est trop au début, les choses ne tardent pas à s’arranger. 

Souvent laissés seuls, végétant dans leur chambre, oubliés de leurs proches, les pensionnaires finissent par apprécier ces instants passés avec les enfants qui redonnent vie à leur quotidien et sont prêts, de leur côté, à apprendre. Ces rencontres entre deux univers opposés sont illustrées par l’amitié qui naît entre le retraité Yvon et Brieuc, un gamin d’une douzaine d’années délaissé par ses parents (photo). 

Quand tu seras grand n’a pas la force des Chatouilles, certaines situations et personnages sont stéréotypés, mais ce film intergénérationnel entre fiction et documentaire qui, outre de la vieillesse et de la transmission, traite de la mort, de la différence, de la tristesse, du désespoir, de la solitude, émeut par la tendresse, la sensibilité, l’humanité et l’humour qui s’en dégagent. Il est de plus porté par un Vincent Macaigne lunaire et débordé à l’irrésistible look de rocker, et Aïssa Maïga qui ne lésine pas sur l’énergie. Mention spéciale à Kristen Billon, excellent dans le rôle du jeune Brieuc. 

Aussi chaleureuse que dynamique, Andrea Bescond nous en dit plus sur ce film qu’elle voulait positif et de nature à se remettre en question sans pour autant faire la morale. Il a nécessité beaucoup de recherches. « J’ai lu des livres, entendu des témoignages, rencontré des soignants. Ce que je voulais, c’est être au plus près du réel, faire attention de ne pas tomber dans le cliché. On ne peut pas aborder ce sujet sans être précis, crédible. Il ne faut pas sentir l’écrit. Toute l’équipe a fait un stage de deux jours en Ehpad et, lors du tournage, nous étions entourés de vrais soignants ».

Vous saviez que la réunion des générations existait ?

Non, pas quand on en a eu l’idée. La chose s’était développêe, puis avait cessé à cause du covid. Mais aujourd’hui, ça revient. Et cels se passe très bien. L’évidence s’impose dans la relation entre Yvon et le jeune Brieuc. Je désirais qu’ils aient une filiation en-dehors des liens du sang qui ne sont pas les seuls importants. Entre ces deux-là, en vrai, c’était facile. Ils ont communiqué tout de suite. 

Puisqu’on parle des comédiens, ils sont tous bons. J’ai particulièrement aimé Vincent Macaigne. Il est assez hallucinant. A-t-il été difficile à convaincre?

Pas du tout. C’était une proposition de la directrice de casting. Il a adoré son personnage à la lecture du scénario. Il a apporté ses propres fringues pour être plus crédible dans le côté rocker. Et il y est allé à fond. Comme les autres d’ailleurs.

Avec ce film, Eric Métayer et vous  envoyez un  message. Pensez-vous être entendus?

On n’espère pas grand-chose  des politiques qui ont failli à leur mission.  Par exemple, on avait passé Les Chatouilles à l’Elysée. Pour rien. Mais dans la société  ça circule, ça avance. Il y a une vraie prise de conscience.  Là c’est pareil. 

On retrouvera Andréa Bescond à l’occasion de l’adaptation de son roman, Une simple histoire de famille, paru en janvier dernier. Il évoque trois générations liées par des secrets. Pour l’écrire elle a puisé dans son expérience personnelle. Après son viol, elle a souvent fantasmé, dit-elle, de tuer son agresseur. 

"Quand tu seras grand", à l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 26 avril. 

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