Nous replonger dans la musique du Boss à travers la passion d’un adolescent, une belle idée de la cinéaste britannique Gurinder Chadha, qui s’était perdue en route après le succès, en 2002, de Bend It Like Beckham (Joue-la comme Beckham). Pour Blinded By The Light, elle s’est inspirée de l'autobiographie Greetings From Bury Park: Race, Religion and Rock n’Roll, écrite en 2007 par le journaliste Sarfaz Manzoor, qui a collaboré au scénario.
Nous sommes en 1987, dans une Angleterre en pleine crise économique, sous le joug de Margaret Thatcher. L’austérité et le chômage le disputent aux tensions raciales, une discrimination qui vise souvent Javed Khan (Viveik Kaira, à droite sur la photo) un jeune Anglais d’origine pakistanaise, dont les parents ont émigré avant sa naissance. Il est traité de Paki, chassé d’un café par des élèves de son école, menacé de se faire arranger le portrait par un groupe de punks.
Timide, mal dans sa peau, Javed cherche sa voie, écrit des poèmes, des paroles de chansons, des textes pour le cours de littérature. Il rêve de quitter la morosité de sa ville de Luton et surtout d’éviter le chemin tracé pour lui par son père, un immigrant sévère et rigide, d’une rare intransigeance. Peu impressionné par ses talents littéraires, il veut voir son rejeton suivre de grandes études pour ramener des sous à la maison. .
Et puis un jour la vie de Javed va être définitivement transformée par la découverte de l’œuvre de Bruce Springsteen, grâce aux cassettes que lui donne son ami Roofs. Galvanisé par les paroles de l’artiste qui semble s’adresser directement à lui, encouragé par son professeur, il décide de devenir lui aussi un poète et un écrivain, défiant ainsi les racistes, l’autorité parentale et osant enfin sortir avec la jolie Eliza. Dès lors tout le film s’articule autour des plus grands tubes du chanteur, de Dancing In The Dark à Thunder Road, en passant par Born To Run et The Promised Land. Une parfaite combinaison entre les textes et les images.
Prévisible, ce récit d’apprentissage qui fait écho à notre actualité, n’est forcément pas d’une folle originalité. En dépit de son rythme, de l’émotion de la vitalité et de l’humanité qu’il dégage, on peut lui reprocher son côté guimauve et tire-larmes. Sans parler du portrait caricatural du père de Javed. Il n’empêche qu’on marche et qu’on ne s’ennuie pas une seconde. Grâce évidemment à la puissance des chansons de Bruce Springsteen, qui a donné son accord à la réalisation de l’œuvre. Mais également aux comédiens toniques comme la révélation Viveik Kaira, qui s’éclatent visiblement dans cette comédie sociale, dont l’aspiration à la liberté constitue l'un des moteurs.
A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 11 septembre.