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Cinéma: "La famille Bélier" vers un carton au box-office?

237211[1].jpgBeaucoup lui prédisent un succès d’enfer, du genre Intouchables ou Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu? Peut-être ne faudrait-il pas, pour parodier un critique sur un site, vendre la peau du spectateur avant qu’ils se soit assis dans une salle obscure... A vérifier dès mercredi.

La famille Bélier, signée Eric Lartigau, se déroule à la campagne. Paula, 16 ans, très mature pour son âge, est la seule entendante dans une famille d’agriculteurs sourds muets. Epanouie, pleine d’entrain, elle a aussi une voix magnifique. Et bien qu’elle adore son papa, sa maman et son frère, pour qui elle est une interprète indispensable au quotidien, elle rêve de quitter le nid pour devenir chanteuse. Poussée par son professeur de musique, elle prépare en secret le concours de Radio France. Tout cela implique de partir pour Paris et laisser dorénavant les siens se débrouiller seuls.

C’est Louane, découverte dans l’édition 2011 de The Voice qui joue le rôle de Paula, tandis que l’irrésistible Karin Viard et François Damiens se glissent dans celui des parents. A leur côté, on trouve encore Eric Elmosnino, l’inoubliable Gainsbourg dans Vie héroïque, en prof de chant excentrique obsédé par Sardou.

Ceux qui trouvent le chanteur ringard, ou pire, auront sans doute un peu de mal à adhérer à l’opus, car Eric Lartigau nous en sert à la louche. Allant jusqu’à mettre dans la bouche d’Elmosnino: "Sardou est à la variété française ce que Mozart est à la musique classique: intemporel". Le film est à peine sorti que la  réplique est déjà culte… 

Sans aller jusqu’à délirer, à l’image de certains, il faut reconnaître que cette comédie, certes bourrée de bons sentiments, est à la fois drôle et touchante. Sa réussite tient surtout à l’interprétation du couple Viard-Damiens, aussi enthousiaste qu'amoureux, ainsi qu’à celle de Louane, qui ne contente pas de donner de la voix.  

La famille Bélier, qui pourrait donc cartonner au box-office, est parti d’un scénario de Victoria Bedos à qui une grande interview sera consacrée dans Femina le 28 décembre. Ancré chez elle depuis longtemps, elle l'a coécrit avec Stanislas Carré de Malberg. La fille de Guy et soeur de Nicolas s’est inspirée de l’assistante de son père, née de parents sourds. Elle a mis pas mal de choses d’elle dans ce qui reste bien sûr une fiction. "Paula c’est moi. Petite, j’avais l’impression qu’on ne m’entendait pas", nous confie-t-elle. "En outre mes parents ne voyaient pas d’un bon œil mon envie de devenir chanteuse".

1382435053013_0570x0342_1382435113090[1].jpgEric Lartigau, à qui on doit Un ticket pour l’espace, Prête-moi ta main ou encore l’homme qui voulait vivre sa vie a repris l'histoire avec Thomas Bidegain, le sparring-partner de Jacques Audiard, notamment pour Un prophète et De rouille et d’os. Nous avons rencontré le réalisateur à Genève où il était venu présenter sa comédie en avant-première. "La famille n’existait pas vraiment. Tout était axé sur Paula".

-Le thème de la famille vous tient apparemment très à cœur.

-Absolument. C’est un vivier de la société, son reflet, un microcosme plein de contrastes, de reliefs. On passe par tous les sentiments, les émotions contradictoires, paradoxales. C‘est l’ouverture à l’autre, le dépassement de soi.

-Le choix de Karin Viard et de François Damiens dans le rôle des parents s’est imposé d’emblée.

-Dès que je me mis à retravailler le texte, j’ai immédiatement pensé à eux. Ils m’apparaissaient physiquement, à l‘écriture déjà. Ainsi qu’Eric Elmosnino.

-Et Louane Emera?

-C’était différent. J’ai opéré un vaste casting et gardé une sélection de 80 jeunes filles. L’une était géniale en tant qu’actrice, mais chantait comme une casserole. J’ai finalement opté pour Louane. 

-A part le jeune frère vraiment sourd de Paula dans le film, et un autre garçon, les autres acteurs ne connaissaient rien de la langue des signes. Ils ont dû se livrer à un apprentissage intensif.

-Ils ont effectivement suivi des cours plusieurs heures par jour. Leur préparation a duré entre quatre et cinq mois. C’était un sacré challenge. Pour moi également. Je n’avais jamais collaboré avec des comédiens censés être sourds. La langue des signes est chorégraphique mais très compliquée. Les gestes doivent être en accord avec l’expression des visages et des corps.

Après La famille Bélier, Eric Lartigau ne va pas quitter son univers de prédilection. Il projette deux nouveaux métrages sur le sujet, une autre comédie et un mélodrame.

Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande dés mercredi 17 décembre.

 

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