Il m’a suffi d’entendre Michel Pont dire que les Suisses allaient mettre tous leurs atouts de leur côté, pour me conforter dans l’idée qu’ils étaient plus cuits que des carottes en vue d’une qualification pour cet Euro 2012. Et pourtant, alors qu’on n’a cessé de clamer que c’était la victoire au Monténégro ou rien, ils persistent pathétiquement à croire que cela reste possible. A commencer par Hitzfeld, décidément moins Gottmar que jamais.
Gagnons nos trois matches à domicile, allons chercher le succès à Cardiff et Sofia, et ce sera dans la poche, décrète-t-il le plus sérieusement du monde. Ben voyons. Etant donné ce que les Helvètes ont produit jusqu’à présent, c’est sûr que les autres vont se laisser manger la laine sur le dos sans réagir!
Ces pauvres Rouges exsangues ressemblent aux Aigles déplumés de McSornette, qui se bercent d’illusions quant à leurs réelles possibilités de conquérir le sommet de la crosse. Et je ne vous parle pas de Magic Pishyar, également persuadé que l’éclat de son diamant grenat va aveugler Lugano et Lausanne au point de les égarer sur le chemin des filets.
Du coup, je continue à préférer les Bleus. Ce ne devait pas être le cas avec le limogeage de Raymond la Science, personnage absolument désopilant que j’étais dans le fond la seule à regretter. Je n’imaginais pas, et de loin, qu’il puisse être remplacé de sitôt.
Erreur. Je sens au contraire que je ne risque vraiment pas de m’ennuyer avec son successeur, qui me paraît encore nettement plus folklorique. Cela n’empêche pas les experts français de le porter follement aux nues. Ceux de "L’Equipe", par exemple, affirmant que suite à la perte de son premier match face à la Norvège, cet homme providentiel a tranquillement posé sa patte.
Et quelle griffe! Dans la foulée, figurez-vous qu’il a également bêtement paumé le second contre la Biélorussie… Mais peu importe. Selon les spécialistes ce brave Laurent Blanc s’est subtilement engouffré dans les failles de Domenech pour marquer sa différence.
Il a ainsi déjà assisté à dix-huit conférences de presse, où il a prononcé des phrases mégachoc du genre: à part le gardien lyonnais, aucun joueur n’est indiscutable. Ou: je démissionne si on se loupe pour l’Euro. Une attitude qui subjugue les médias.
Bref, l’intello à lunettes du foot hexagonal est carrément obsédé par la rupture. De quoi davantage angoisser nos voisins que les rassurer, à mon avis. L’exemple venant d’en haut, j'espère qu'il aura plus de réussite que Sarko…
Ce qui n’est pas absolument certain, dans la mesure où Laurent Blanc ne craint pas le ridicule. Après avoir distribué à ses ouailles les paroles de la Marseillaise en les pressant vivement de les apprendre, voilà qu’il a engagé un «profiler». Non pour traquer les tueurs de ballon sur la pelouse, mais histoire de permettre aux joueurs de tout donner, façon téléréalité, après avoir confié au nouveau gourou les horribles souffrances qui jalonnent leur sordide existence.
Remarquez, ils ont une vague chance de l’emporter ce soir contre la Roumanie au Stade de France, Just Fontaine ayant décliné l’invitation à venir regonfler le moral des troupes. Pour raisons de santé. A en juger par le récent calamiteux ratage de Zidane dans le domaine, nul doute que les Tricolores ne s’en porteront que mieux!