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  • Grand écran: "Mjölk, la guerre du lait", croisade d'une fermière islandaise contre une coopérative mafieuse

    mjolk_photo1-1920x1280.jpgAprès Béliers, qui avait décroché le Prix d'Un Certain Regard à Cannes en 2015, le réalisateur islandais Grimur Hakonarson revient avec Mjölk, la guerre du lait. En habitué du milieu rural où il a grandi, attiré par les histoires qui s’y déroulent, il se penche à nouveau sur le dur quotidien de gens vivant dans des endroits isolés et dont la vie tourne autour de leur ferme et de leur bétail.

    Dans le premier il racontait l’histoire de deux frères ne se parlant plus depuis 40 ans, mais forcés de se réconcilier pour sauver leurs précieux moutons. Dans le second, il esquisse une réalité socio-politique en brossant le portrait d’une battante, Inga la fermière, courageuse quinquagénaire endettée jusqu’au cou, qui se dresse en justicière contre des corrompus.

    A la mort de son mari, Inga, qui fait immédiatement penser à l’héroïne de Woman At War sorti l’an dernier,  reprend seule leur exploitation laitière dans un petit village près de Reykjavik. Elle ne tarde pas à découvrir le monopole d’une coopérative omnipotente, mettant à genoux les agriculteurs locaux impuissants à lutter pour leur indépendance. A ses risques et périls, c'est David contre Goliath, elle déclare la guerre à ce système autrefois mutualiste, pour libérer ses semblables de sa désormais redoutable emprise mafieuse.

    Parallèlement à la croisade d’Inga contre le néolibéralisme, le capitalisme à tout crin qui plombe  la culture traditionnelle du pays, Grimur Hakonarson montre son parcours pour se frayer un chemin au sein d’une communauté dominée par les hommes. Une petite ode à la liberté et à l'égalité dans cette comédie sociale aux accents qui se veulent loachiens, où l’auteur qui charge un peu la mule, réserve des moments émouvants, drôle, voire poétiques.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 11 septembre.

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  • Grand écran: avec "Les particules", Blaise Harrison se penche à son tour sur les tourments de l'adolescence

    les-4-acteurs-du-film-originaires-du-pays-de-gex-nicolas-marcant-leo-couilfort-salvatore-ferro-et-thomas-daloz-ce-dernier-interprete-le-heros-du-film-archives-le-dl-a-g-1556877853.jpgC’est l’histoire de P.A et de sa bande, des lycéens en classe terminale qui vivent dans le Pays de Gex, à proximité du LHC, l’accélérateur de particules le plus puissant de la planète, qui provoque des collisions pour en détecter d’inconnues à ce jour. Alors que l’hiver s’installe, les jeunes, plus particulièrement P.A voient le monde changer autour d’eux. Ils observent des lueurs, des phénomènes bizarres, des modifications anormales dans l’environnement, le paysage. D’abord de façon imperceptible, avant que tout bascule…

    Proposition de cinéma singulière, originale, métaphorique que Les particules, premier long-métrage du Franco-Suisse Blaise Harrison, sélectionné en mai dernier à la Quinzaine cannoise des Réalisateurs. Il fait ressortir les tourments de l’adolescence, ce plein d’énergie, d’angoisse, de passion et se déroule entre rêve et réalité dans une ambiance trouble, menaçante, triste. Il flirte avec le fantastique, ce qui nous vaut quelques effets spéciaux pas trop voyants, notamment un modeste trip à la Kubrick inspiré, CERN oblige, par l’imagerie scientifique.

    Des électrons libres qui cherchent leur place

    L'opus est radical, sobrement mis en scène, prometteur en dépit de sa longueur et de sa lenteur censée montrer l'étrangeté et détourner le spectateur de la trame narrative. Il est parfaitement interprété par des acteurs non professionnels de la région, dont le charismatique Thomas Daloz, alias P.A. Blaise Harrison filme des ados pas trop rebelles, plutôt de bons gamins un peu à côté, dont la révolte passe par l’affranchissement. Ce sont des électrons libres qui cherchent leur place dans une société pour laquelle ils ne sont pas faits et dans laquelle ils cherchent leur place.

    Lors d’une rencontre, l'auteur nous en dit plus sur lui, un solitaire, ce film qui lui ressemble (le parcours de P.A est aussi le sien) et son envie de cinéma qui remonte à très loin. A son enfance passée dans le Pays de Gex, à la campagne, en-dehors de Divonne où il est né en 1980. Il a commencé à s’intéresser à la photo, avant que le cinéma prenne le dessus, à cause du son, lorsque ses parents lui offrent une caméra super 8.

    Il a d’abord voulu essayer des choses

    En allant au cinéma à Ferney-Voltaire et au Grütli, Blaise découvre Jarmush et Kaurismaki entre 1996 et 1998. Après le lycée, il étudie à l’ECAL, sachant que le septième art est décidément sa vocation. Les particules, il y pensait depuis toujours a toujours eu envie de le réaliser, voulant raconter cet âge-là dans un coin à la fois banal et plein de mystère.

    Mais avant, il a eu besoin d’essayer des choses, comme assistant caméra, ou auteur de documentaires pour ARTE, Armand, 15 ans, l’été, vu à la Quinzaine des Réalisateurs en 2011 puis L’Harmonie (il a joué lui-même du saxophone baryton dans une fanfare), sélectionné à Locarno deux ans plus tard.

    Avec ce titre, Les particules, on pourrait croire Harrison fasciné par le CERN. "Ce n’est pas vraiment le cas. du moins pas en écrivant le film. Je voulais surtout raconter une forme d’inquiétude lorsqu’on découvre le monde, la prise de conscience de l’évanescence. La physique quantique nous dit que tout est incertain. Je trouvais beau d’envisager l’univers comme un agglomérat de particules".

    «On a vu plus de 500 élèves»

    Ses acteurs sont tous des non-professionnels. "On a organisé un casting au lycée de Ferney sous forme de volontariat. On a vu plus de 500 élèves. Il fallait que mes protagonistes soient du coin. Qu’ils parlent avec leurs mots. Que le réel nourrisse la fiction et m’emmène ailleurs. Je les ai laissés tels qu’ils sont. Sauf Thomas Daloz, qui est beaucoup moins réservé et taciturne dans la vraie vie. Lui, je l’ai rencontré dans la cour. Sa façon de s’exprimer me plaisait. J'ai vraiment dû le convaincre. Il a démontré un grand talent d’acteur, se réappropriant les scènes. C’est le seul que j’ai dirigé".

    Blaise Harrison tourne des films qui lui correspondent, mais ne sait pas vraiment ce que sera le prochain. "Ce qui est sûr, c’est que j’userai de la même méthode de travail. Je pense à un personnage féminin, une adolescente. C’est un moment magnifique à filmer. Je ne vous en dirai pas davantage, mais il s’agira probablement d’une adaptation".

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 4 septembre.

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