Nouveau tremblement de terre à Barcelone ou l’ogre de l’ocre a encaissé sa deuxième défaite en huit jours au stade des quarts de finale. La malédiction du vendredi. Après David Ferrer à Monte-Carlo, c’est Nicolas Almagro (photo) qui est venu à bout de Nadal.
Décidément les compatriotes se rebiffent, suivant l’exemple de Wawrinka, sans pitié pour Rodgeur sur le Rocher dimanche dernier. En résumé, ôte-toi de là que je m’y mette. Il ne manque plus que Tipsarevic se paie le scalp de Djokovic pour que les cadors du circuit se remettent sérieusement en question.
Cet échec du pitbull dans son fief catalan où il espérait bien inscrire une neuvième victoire de rang étonne certes un peu. Surtout dans la mesure où, à part la mobylette de Valence d'entrée en panne de moteur, il n’y avait aucun top 10 pour contrecarrer ses plans de bataille. Alors qu’Almagro, battu dix fois en dix duels et ne figurant de surcroît qu’au 24e rang ATP, le meilleur classé du tableau était en effet l’Italien Fognini, 13e, qui a lui aussi opportunément sombré corps et biens illico presto.
Le revers de l'Espagnol est donc mortifiant. Mais d’ici à le qualifier d’énorme surprise, il y a une grosse marge. Ce serait ignorer que le brave Rafa, nonobstant un succès à Rio, péclote depuis Melbourne, où il a subi la dure loi d’Ironstan. Ensuite il a misérablement plié devant l’Ukrainien Dolgopolov au troisième tour d'Indian Wells, pour s’incliner en finale à Miami contre Djokovic. Et depuis le début de la semaine, il peine ferme à se débarrasser d’adversaires des plus modestes, à l’image d’un Albert Ramos végétant au-delà de la centième place.
Autant dire que ça mouline sous certains crânes pour expliquer la raison de ces difficultés. Les experts penchent pour un mal de dos récurrent. Mais si c’est le cas je me demande vraiment pourquoi le taureau de Manacor a jugé utile de s’aligner dans une épreuve franchement anodine en risquant d’aggraver les choses.
Aussi sot que Novak avec son poignet en délicatesse dans la principauté monégasque. Enfin prétendument, vu que miraculeusement remis, le vampire serbe se déclarait prêt à en découdre sur les courts madrilènes.
Pour en revenir à Nadal, "sa situation rappelle étrangement en bien des points celle de Federer quand le Suisse avait le dos qui grinçait... ", peut-on lire sur la toile. A une petite différence près. Lorsque le maestro avait l’échine en compote, la plupart des spécialistes n’hésitaient pas à le déclarer bon pour la casse. Là, ils répugnent encore à imaginer un vague déclin de l’Ibère. Il le faudra pourtant peut-être. Car vu l’exigence démentielle de son jeu, il ne serait pas étonnant que le malheureux ait nettement plus que l’âge de ses artères…
P.-S. J'avoue que mon inquiétude grandit en ce qui concerne la forme actuelle de Nadal. Non seulement son vainqueur Almagro a été facilement éliminé par le Colombien Giraldo, mais le Japonais Nishikori a littéralement écrasé ce dernier en finale en deux tout petits sets...