La fibre nationaliste frémissante, le Suisse n’était pas peu fier de ses athlètes ce week-end. Décollage enfin réussi de la fusée Gut qui s’est offert le missile Vonn, formidable victoire de Colognator le roi du fonds (rien que le regarder ça vous met sur les rotules), succès de Wawrinka en Inde (oui, bon, j’admets, ce n’est pas si mal) et évidemment triomphe de Federer à Doha.
Evénement d’autant plus remarquable que la légende a écrasé Davydenko, tombeur valeureux de Nadal. Certes en principe diminué par un méchant virus. Qui aurait toutefois beaucoup perdu de sa virulence ensuite, dans la mesure où il n’a pas empêché l’Espagnol de remporter le double contre une redoutable paire. Je sais cela n’a pas grand-chose à voir mais quand même.
Bref, on aura de nouveau droit à un wagon d’analyses pointues sur qui, du Bâlois ou du Majorquin, a les meilleures chances de s’imposer cette saison. Les spécialistes ne cessant toutefois de tourner leur veste, portant l’un aux nues à la moindre défaillance de l’autre et vice-versa, on n’est pas sorti de l’auberge.
En revanche, ils s’accordent en général à estimer que l’hégémonie des deux cracks du tamis durera un certain temps. Une déduction à la portée de n’importe quel béotien de la raquette remarquez, si on considère l’énorme avance aux points du maestro et du cannibale sur le reste de la troupe. Cela n’a pas empêché McEnroe, damant le pion à Mats Wilander dans le domaine, de nous aligner sentencieusement quelques platitudes d'une évidence crasse.
Manifestant une connaissance du tennis qui m’explose les neurones, l’ombrageux Newyorkais a d’abord expliqué à la télé hongkongaise, en marge d’une exhibition, que la rivalité entre l’Helvète et l’Ibère continuerait encore un an ou deux avant qu’une nouvelle tête ne se pointe sur les courts. Puis il a affirmé que si Djokovic et Murray espéraient pouvoir briser la domination de Sa Grâce et du pitbull, ils devraient s’améliorer et ajouter quelque chose à leur jeu. Bestiaux les scoops, non ?
Söderling, qui vient de terrasser Roddick à Brisbane, n’est pourtant absolument pas de cet avis. Pour le Suédois la distance est au contraire minime entre les deux grands et leurs poursuivants. Selon lui, ceux-ci sont entre dix et quinze capables de les battre les doigts dans le nez, et donc de gagner des Grands Chelems ou des Masters. Inutile de préciser que Robin s’imagine en tête de meute.
C’est sans doute la raison pour laquelle le Suisse, sans doute vexé par les déclarations un poil irrespectueuses du vorace Viking, l’a consciencieusement oublié dans sa liste d'outsiders, dont Juan Del Potro et Davydenko, prêts à le faire trébucher.