Grand écran: "L'attachement" explore les liens affectifs, le deuil, la filiation. Avec Valeria Bruni Tedeschi et Pio Marmaï au top (19/02/2025)
Pour son cinquième film, L'attachement, Carine Tardieu réalisatrice scénariste et écrivaine, a choisi d’adapter le livre d’Alice Ferney L’intimité. Elle y explore les liens affectifs, le deuil, la filiation, la parenté, l’amour, bref les relations humaines..
Sandra (magnifique Valeria Bruni Tedeschi) est une libraire quinquagénaire farouchement indépendante, et féministe engagée. Mais un jour, la vie de cette célibataire sans enfants heureuse et fière de l’être, bascule. Soudainement, malgré elle, elle va partager le quotidien d’Alex, son voisin de palier (impeccable Pio Marmaï), qui se retrouve seul avec deux gosses, suite à la mort de sa femme lors de son accouchement.
Contre toute attente, Sandra, un peu ronchonne et qui assume sa solitude,, s'attache peu à peu à cette famille, qui ébranle ses certitudes. Plus particulièrement le jeune fils Eliott (César Botti), en manque de tendresse, d’attentions, qui vient souvent sonner à sa porte, s’accroche à elle et va la faire craquer.
Carine Tardieu propose ainsi une comédie dramatique intelligente, intense, pleine d’émotions, entre douceur, tristesse, mélancolie et une pointe d'humour. Elle est portée par des protagonistes à la hauteur du propos, sensibles, justes, sobres, bouleversants. Son auteure nous en dit plus à l’occasion d’une récente rencontre à Genève.
Le livre d’Alice Ferney s’intitule "L’intimité". Pourquoi l’avoir changé en "L’attachement"?
C’est une adaptation très libre du roman. Il tourne beaucoup autour de l’accouchement, de la maternité, de la GPA. Il y a un côté philosophique. On perd ainsi Sandra, dont je voulais faire mon fil conducteur.,
Qu’est-ce qui vous a particulièrement touchée chez elle?
Le fait qu’elle ne veuille pas d’attache. Qu’elle revendique sa liberté. Elle est bien avec elle-même. Elle ne va pas vers les autres. Elle ne cherche pas à être aimée.
En même temps , elle s’est forgé une carapace. Avant d’être dépassée par les événements
C’est vrai. Pendant tout le film, elle essaye de résister. Sandra est quelqu’un qui s’empêche. Saiuf qu'on ne contrôle pas l’attachement. En même temps, elle ne va pas remplacer sa mère d’Eliott. Elle est un substitut affectif. Mais les liens qu’elle tisse avec ce petit garçon la font accéder à quelque chose de nouveau, tout en gardant son espace de liberté.
Il ne s’agit pas d’un film féministe, mais vous en analysez ses différentes formes.
Oui, parce qu’il n’y en a pas qu’un seul. On peut être féministe dans nos gestes, nos paroles, notre comportement. Ce que je trouve compliqué, c’est quand il n’y a pas de place pour la demi-mesure. Je trouve cela très contreproductif.
Valeria Bruni Tedeschi se révèle surprenante de modération, de retenue. Avez-vous écrit le rôle pour elle?
Je ne fais jamais ça, car je ne veux pas être déçue. Je suis allée la chercher en fin d’écriture. Elle a accepté le rôle tout de suite alors que c’est très nouveau pour elle de se laisser contraindre. Elle est sans filtre, très impulsive. Au début elle ne savait pas être sur la réserve, dans la modestie. Au début elle ne savait pas le faire. J’ai dû la forcer…
Vous dites vouloir faire des films simples.
Dans la mise en scène, je veux en effet aller vers l’épure, me montrer discrète avec ma caméra. Mais cela se travaille. Dans le genre, Sautet reste mon maître. En apparence, tout est simple, en réalité tout est précis, contrôlé.
Carine Tardieu, qui a adopté une petite fille à quarante ans, nous confie encore que devenir mère lui a permis de se réinventer. «En tant que réalisatrice, je me rapproche à chaque film de ce que je suis, de ce que j’aime raconter. Avec L’attachement, c’est comme si je sortais du bois. Je vais de moins en moins vers la comédie. Sans être totalement dramatique… » .
"L’attachement", à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 19 février.
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