Grand écran: "La Couleur pourpre", dur combat d'une femme saccagée, sauvée par sa résilience et son courage (27/01/2024)

En 1986, Steven Spielberg faisait pleurer la planète avec La Couleur pourpre., captivante et fidèle adaptation du roman d'Alice Walker, première femme afro-américaine à être couronnée par le célèbre Prix Pulitzer. En 2005, le livre devient une comédie musicale à Broadway. La version 2024 en est la transposition sur grand écran, mise en scène par  Blitz Bazawule  Emmenée par Fantasia Barrino (Celie), elle-mêle chant et danse aux dialogues.  

On connaît l’intrigue. Celie Harris est une jeune noire vivant dans le sud américain ségrégationniste en 1900. Abusée par son père, privée de ses enfants à leur naissance, elle est mariée de force à  « Monsieur », un fermier d’une rare brutalité qui va la séparer sadiquement de Nettie, sa sœur adorée. Sur quarante ans, on suit le déchirant combat de Célie face aux violences physiques, sexuelles et aux pires humiliations que ce barbare lui fait subir. Elle finira par se révolter.

Absence de pudeur et étalage de bons sentiments

On peut être séduit par le spectacle flamboyant, la mise en scène enlevée, les performances des artistes et leur interprétation. Mais ce visuel clinquant, les beaux costumes, les chorégraphies brillantes et joyeuses nuisent à la force d’un récit noir et cruel. En fait, bien que misant sur les luttes et la solidarité féminines, cette comédie musicale proprette,  remake somme tout inutile, ne rend pas compte de l’aspect dramatique de cette tragique histoire. 

La Couleur pourpre 2024 tend ainsi à gommer la misère et la dureté sociales qu’avait si bien réussi à nous faire ressentir Spielberg. A l'image de l’excellente Whoopi Goldberg, bouleversante et inégalable dans le rôle de cette femme saccagée,  qui s’en sortira à force de résilience, de courage et d’énergie. On regrettera par ailleurs une absence de pudeur et un étalage éprouvant de bons sentiments. 

A l'affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercvredi 24 janvier. 

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