Grand écran: "Simple comme Sylvain" évoque l'impossibilité d'une passion durable, sur fond de lutte des classes (28/11/2023)
Monia Chokri s’était révélée actrice au grand public en 2010 dans Les amours imaginaires de Xavier Dolan. Puis, en 2019, on l’avait découverte réalisatrice à Cannes avec La femme de mon frère, opus plutôt corrosif autour d’un personnage féminin dépressif, qui avait décroché le prix Coup de coeur à Un Certain Regard.
En mai dernier on retrouvait la Québécoise dans cette même section, où elle présentait Simple comme Sylvain. Jouant avec les codes de la romance pour mieux en déconstruire les clichés, elle explore le désir féminin, le couple, la compatibilité et son contraire, en racontant une rencontre explosive. Celle de Sophia (Magalie Lépine-Blondeau), prof de philo à Montréal vivant avec son ami intello Xavier depuis dix ans, et le beau charpentier Sylvain (Pierre-Yves Cardina)l, qui doit rénover leur maison de campagne.
Des ébats torrides
C’est le coup de foudre auquel ils cèdent aussitôt. Insatiables les deux amants se livrent à des ébats torrides. Répondant à l’appétit d’ogre de Sylvain, Sophia se laisse follement aller à ses envies sexuelles entre deux cours sur Platon ou Spinoza à l’université du troisième âge et des discussions philosophico-gaucho-bobos sur les grands thèmes sociaux en compagnie de gens de son monde.
Ce qui laisse sur le côté le brave Sylvain. Car s’il fait grimper Sophia aux rideaux, il a du mal, face à cet étalement de science, à régater avec son manque de connaissances, ses manières de bûcheron et son vocabulaire fruste. Alors forcément, la relation entre les tourtereaux ne tarde pas à en pâtir.
Préjugés inévitables
Monia Chokri évoque l’impossibilité d’une passion durable, ce qui n'est pas nouveau en soi, mais qui se complique lorsqu’elle concerne deux êtres issus de milieux opposés. Sa réflexion se greffe ainsi sur une forme de lutte des classes et les préjugés inévitables des uns envers les autres.
Comme le dit l’auteure en se mettant dans le même sac, c’est bien joli de se revendiquer de gauche, de manifester un esprit ouvert, de militer pour l’environnement et l’immigration, mais dans le fond, est-on vraiment capable d’en parler avec quelqu’un de différent?
Joyeux, sensuel, charnel, sexy, érotique, mélancolique, plein d’amour, d’humour, de dialogues savoureux et de situations piquantes, Simple comme Sylvain est une belle réussite, portée en plus par ses deux excellents comédiens, Magalie Lépine-Blondeau (la meilleure amie de Monia Chokri) et Pierre-Yves Cardinal.
A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 29 novembre.
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