Grand écran: "Plan 75": l'insoutenable programme pour se débarrasser des vieux au Japon (02/05/2023)

Réalisatrice japonaise, Chie Hayakawa se penche sur un problème aigu de son pays, le vieillissement de la population, réussissant à traiter ce thème complexe avec une incontestable acuité. Son film, Plan 75, se déroule dans un futur proche. Face à la multiplication de seniors, le gouvernement nippon estime qu’à partir d’un certain âge, ils deviennent un trop gros poids pour la société. Il concocte donc un programme proposant aux plus de 75 ans de mettre fin à leurs jours. En échange, ils bénéficient d’un accompagnement téléphonique et reçoivent une somme de 100.000 yens (environ 650 francs suisses), qu'ils utilisent comme bon leur semble.

Chie Hayakawa nous met tout de suite dans le bain, avec une tuerie de personnes âgées dans un établissement médical. Cette ouverture est inspirée du massacre de Sagamihara, où un  homme avait massacré dix-neuf handicapés dans un établissement spécialisé, expliquant ce carnage par leur inutilité et une trop lourde charge financière pour l’Etat.

A partir de la redoutable réalité d’un monde dystopique, la cinéaste n’imagine en fait que la mise en place du Plan, accepté par la population et permettant ainsi au gouvernement de se débarrasser de millions de personnes, considérés comme de vulgaires détritus, un peu comme le montrait  Richard fleischer dans Soleil  vert, sorti en 1973.

Pour mieux nous immerger dans son sujet, Chie Hayakawa se concentre sur trois personnages centraux. Michi, 75 ans,  ne trouve plus d’emploi et ne parvient pas à obtenir d’aide sociale. Par conséquent et à son corps défendant, rejetée de partout et de plus en plus isolée, elle se trouve  éligible au plan. De son côté Hiromu, jeune fonctionnaire, est chargé de recruter des candidats, tandis que Maria, aide-soignante les accompagne et les soutient dans leur ultime démarche.

A la fois terrible, insoutenable et bouleversant, Plan 75 aborde l’euthanasie dite choisie, en potentiel système d’Etat. Effrayant, plus particulièrement lorsqu’on imagine que cela pourrait être prémonitoire.

A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 3 mai.

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