Grand écran: "Le bleu du caftan" prône la liberté d'aimer qui on veut. Bouleversant (20/03/2023)

Halim est marié depuis longtemps avec Mina. Tous deux tiennent un magasin de caftans dans la médina de Salé où ils perpétuent la tradition ancestrale du maalem, cet artisanat en train de disparaître. Mina, que l’on découvre atteinte d’un cancer en phase terminale, s’occupe de la boutique tandis qu’Halim s’adonne au délicat travail de tissage. 

Très amoureux, ils vivent pourtant dans le secret, le mari ayant toujours dissimulé son homosexualité, passible de prison, qu’il vit principalement au hamman. L’épuisante maladie de Mina les pousse à engage, pour les aider, le jeune et séduisant Youssef, qui ne laisse pas Halim ndifférent. Tandis que leur relation s’intensifie, l’état de santé de Mina se dégrade de plus en plus.  

Oeuvre intimiste, tendre, émouvante

Surfant avec pudeur sur un tabou, "Le bleu du caftan" est une œuvre intimiste, tendre, bouleversante. Elle est magistralement jouée par Lubna Azabal qui s’est incroyablement investie dans le rôle de Mina, pour éprouver à la fois son amour pour son mari, son immense fatigue, l’approche de la mort. Saleh Bakri, comédien palestinien, s'est également énormément impliqué. Il lui a fallu du courage pour interpréter un gay tel qu’Halim dans le monde arabe. A l’image d’Ayoub Missioui incarnant Youssef, sa première prestation sur grand écran.   

Il s’agit du deuxième film de la Marocaine Maryam Touzani, qui avait été projeté dans la section Un Certain Regard au dernier festival de Cannes. L’idée lui en était venue pendant des repérages dans la médina de Salé pour son précédent opus, Adam.  

«J’ai rencontré un coiffeur pour dames assez âgé qui m’a  beaucoup touchée", nous raconte-t-elle. "J’ai senti les non-dits qui pesaient sur lui.  Et puis le temps a passé. Parfois je repensais à lui et, en 2019, j’ai eu envie de me laisser porter par ce personnage. J’ai imaginé ce que c’était pour lui et sa femme de vivre dans le doute, le mensonge, la culpabilité, la honte, et j’ai décidé de les suivre".  

­-Votre film prône notamment la liberté d’aimer qui on veut, comme on veut, alors que l’homosexualité demeure illégale au Maroc.

 En effet. Elle est punie jusqu’à trois ans de prison. Donc elle reste cachée. Halim est obligé de la vivre lors de rendez-vous sexuels au hamman. Les gens concernés le savent. Mais le risque de dénonciation maintient un climat de peur. Avant de mourir,  Mina va aider Halim à la surmonter, en lui permettant d’âtre ce qu’il est.   

-En compétition au dernier Festival du film de Marrakech, où il avait obtenu ex-aequo le Prix du jury, "Le bleu du caftan" avait aussi été présélectionné dans la course aux Oscars pour représenter le Maroc. Pensez-vous qu’un film puisse changer les mentalités? 

-Il y a encore un long chemin à parcourir. Mais c’est déjà un pas énorme En le réalisant, je souhaitais participer à un débat public qui pourrait faire évoluer la loi dans mln pays.  

Sortie mercredi 22 mars dans les salles de Suisse romande.

18:02 | Lien permanent | Commentaires (0)