Festival de Locarno: la compétition démarre bien, avec notamment "Bowling Saturne", de Patricia Mazuy (05/08/2022)

Ayant souvent un peu de mal à exister entre la Piazza grande et la Réptrospective, la compétition locarnaise a bien démarré avec notamment deux métrages qui semblent déjà se dégager. On s’arrêtera plus particulièrement sur Bowling Saturne de Patricia Mazuy, qu’on peut qualifier d habituée du festival. En 1994 elle remportait un Léopard de bronze avec Travolta et moi, un épisode de la série Arte Tous les garçons et les filles de leur âge, et en 2011 invitait le public sous les étoiles avec Sport de filles, mettant en scène la gracieuse Marina Hands.

Après Paul Sanchez est revenu, thriller de 2018 où Laurent Laffite se glisse dans la peau d’un criminel, la réalisatrice française reste dans la brutalité et la noirceur. A la mort de son père, Guillaume (Arieh Worthalter), commissaire de police ambitieux , hérite du bowling familial et le donne en gérance, pour l'aider,  à Quentin. son demi-frère (Achille Reggiani).   

Un décision fatale. Quentin est un garçon marginal répudié par son père et sujet à de redoutables pulsions. Son comportement instable et sa gestion douteuse du lieu  perturbent Guillaume et l’empêchent de se consacrer véritablement à son enquête sordide sur une série d’horribles meurtres de jeunes femmes.

Patrizia Mazuy propose un film d’une intensité tragique, marqué par une extrême violence, surtout dans une scène qui atteint son paroxysme au début de l’histoire. Il vous secoue en outre par sa vision noire de la réalité, son âpreté, son traitement aride, son manque total de rédemption et d’espoir. Il est parfaitement interprété par les deux protagonistes principaux.

Réflexion sur la guerre aux accents métaphysiques 

A noter également Naçao Valente du Portugais Carlos Conceiçao., situé en 1974, un an avant l’indépendance de l’Angola, dont le territoire est peu à peu reconquis par les séparatistes. peu à peu. Là encore, la violence s’invite dès l’ouverture. Tandis que des homes meurent et qu’une bonne sœur est chassée par les rebelles, une jeune Angolaise croise le chemin d’un jeune soldat portugais, qui la tue froidement après un accouplement ardent. On est sous le choc.. 

Par ailleurs, Un peloton lusitanien barricadé à l'intérieur d'un mur devra en sortir, quand le passé ressurgit pour réclamer la justice tant attendue. Avec cet opus puisant aux accents métaphysiques et parfois surnaturels, Carlos Conceiçao livre, comme il le relève lui-même, une réflexion sur l’histoire, la guerre, la peur, la tyrannie. Une réflexion sur la nature cyclique du fascisme et la faćon dont il demeure une menace pour l’évolution. Cela vaut le détour.   

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