Grand écran: "Spencer", trois jours décisifs dans la vie de Lady Di. Kristen Stewart géniale (27/01/2022)

Après Jacqueline Kennedy, magnifiée dans Jackie, Pablo Larrain se passionne pour une autre célébrité féminine, la princesse de Galles, qu’il sacralise dans Spencer, son dernier long métrage  écrit par Stephen Knight sur une excellente musique de Jonny Greenwood. Avertissement de l’auteur juste avant les premières images, il ne s’agit pas d’un biopic, mais d’une fable inspirée d’une vraie tragédie. Elle se déroule ainsi dans un cadre existant où se mêlent triste réalité et audacieuse fiction née de l’imagination débordante du réalisateur.

Pablo Larrain  a en effet choisi de se baser sur trois jours dramatiques de la vie de Lady Di. Nous sommes à la fin décembre 1991, alors qu’elle rejoint la famille royale à Sandringham House pour les fêtes de Noël. Elle entretient des rapports conflictuels avec ses différents membres et réfléchit notamment à divorcer de Charles, qui a déjà une liaison avec Camilla. Ce n'est pourtant que la trame de l'histoire. Car durant cet épisode décisif, l’auteur nous laisse découvrir une autre Diana que celle inlassablement disséquée par tous les médias de la planète. Un vrai tour de force. 

Certes on n’ignorait pas ses excès entre boulimie, anorexie ou mutilation, mais le Chilien nous surprend en nous faisant surtout sentir sa détresse, sa solitude, ses fêlures, en plongeant de manière particulièrement intimiste dans l’univers mental d'une  femme déroutante dont on pensait tout connaître et qui cherche désespérément à se retrouver dans l’ambiance sinistre de l’immense palais.  

Quelques scènes surréalistes

Enfermée dans un carcan, victime d’un stress constant, elle souffre d’une forme d’inquisition qui provoque chez elle des hallucinations. Cela nous vaut quelques scènes surréalistes, comme une conversation avec le fantôme d’Anne Boleyn, la seconde épouse du roi Henri VIII... 

Variation insolite, l’opus est une réussite. Plus encore qu’à l’art du cinéaste et à sa mise en scène, elle tient à l’extraordinaire performance de Kristen Stewart. L’actrice a un talent stupéfiant pour se glisser dans la peau de ses personnages qu’elle ne se contente pas d’incarner. Elle était bluffante en Jean Seberg dans le polar éponyme dédié à l’héroïne d’A bout de souffle de Godard, Elle est géniale en Lady Di, dont elle adopte sans la copier le look, les gestes, les attitudes, le comportement.  

A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 26 janvier. 

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