Grand écran: "Drive My Car", road movie japonais envoûtant, romanesque et mystérieux (21/12/2021)
Oto est scénariste. Elle invente des histoires que transforme Yusuke Kafuku, acteur et metteur en scène de théâtre. Le couple, qui a perdu une fillette de 4 ans, apparaît profondément lié. Un jour pourtant, l'homme surprend sa femme faisant l’amour avec un autre. Elle ne le voit pas, il garde la chose pour lui. Jusqu’au drame dont elle sera victime.
N’arrivant pas à se remettre de cette tragédie, Yusuke accepte de monter Oncle Vania dans un festival à Hiroshima, optant pour une version polyphonique où se répondent le japonais, le mandarin, le coréen et la langue des signes.
C’est alors qu’il fait la connaissance de Misaki, une jeune femme modeste et taciturne qu'on lui a assignée comme chauffeure. Le film se déroule ainsi principalement dans la voiture, une Saab rouge. Chaque matin Misaki emmène le dramaturge au théâtre et le raccompagne chaque soir dans sa résidence.
Naissance d'une amitié
Un huis-clos propice aux confidences. Yusuke tourmenté, en quête de vérité, de rédemption et Misaki, souffrant d'une enfance douloureuse et de la perte de sa mère, apprennent à se connaître à la faveur de leurs échanges pudiques sur leur deuil respectif. L’amitié qui naît au fil de ces trajets quotidiens leur permettra de faire face ensemble à leur passé dans ce film plein de souvenirs, de secrets, de silences et de non-dits.
Drive my car, signé Ryusuke Hamaguchi, est adapté d’une nouvelle éponyme d’Haruki Murakami, parue dans le recueil Des hommes sans femmes. Poursuivant sa quête esthétique en proposant une mise en scène virtuose, le réalisateur japonais, récompensé du Prix du scénario à Cannes en juillet dernier, nous emporte, en compagnie de ses deux excellents protagonistes, dans un voyage de trois heures qu'on sent à peine passer.
Construit sur plusieurs années, ce road movie envoûtant, romanesque et mystérieux, nous livre curieusement le générique qu’au bout de quarante-cinq minutes, suite à une accumulation de faits. Une audace un rien déroutante pour le spectateur.
A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 22 décembre.
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