Emotion mondiale après la mort de Diego Maradona, qui fut aussi un héros de cinéma (26/11/2020)

Diego-Maradona.jpgUn génie éternel. Voici en résumé la teneur générale des hommages qui se sont multipliés partout dès l’annonce de la mort, à 60 ans, mercredi 25 décembre, de Diego Maradona. Le champion du monde 1986 a succombé à une crise cardiaque, dans la banlieue de Buenos Aires, alors qu’il récupérait chez lui de son opération d’un hématome à la tête début novembre. L’Argentine a décrété un deuil national de trois jours dans le pays en larmes, qui perd sa célébrité adorée.

Mais l’icône a fasciné bien au-delà du ballon rond. A cet égard, on vous recommande Diego Maradona, d'Asif Kapadia, projeté aux festivals de Cannes et de Locarno et sorti en salles en août dernier. Le réalisateur se penche sur le destin hors norme, tumultueux, du footballeur le plus mythique de la planète. 

La folle période du surdoué du crampon

Pour mieux brosser le portrait de ce fils d'un bidonville de Buenos Aires qui n’a cessé d'alimenter la chronique avec son talent et ses triomphes, de faire le buzz entre provocations, excès et scandales, le cinéaste britannique se concentre plus particulièrement sur la folle période napolitaine du surdoué du crampon. Elle va de 1984, date à laquelle il débarque à Naples, et 1991, début de la décadence.

Asif Kapadia évoque les rapports passionnels de Maradona avec des gens qui le vénéraient comme un dieu. Pas difficile d'en imaginer la raison. Pendant sept ans, le numéro 10 met le feu au terrain, menant son club, le SSC Napoli, en tête du championnat pour la première fois de son histoire. Sauvant ainsi l’honneur de cette ville pauvre et méprisée. Les tifosi chavirent, la fête dure encore et encore.

Sexe, drogue et mafia

Car le miracle se reproduit pour le nouveau roi de Naples qui, tant qu’il en accomplissait, pouvait tout se permettre. Mais s’il a connu l'apothéose, il a aussi vécu l'inverse, passant du statut de messie à celui de brebis galeuse, entretenant des relations troubles avec la mafia qui le fournit en filles et en drogue. Une addiction qui sera l’une des causes de la descente aux enfers de Diego, piégé par le star system.

Bientôt tous se détournent de lui. La ville, le club, les tifosi et même la Camorra pour qui il devient gênant. Sans compter l’humiliation suprême infligée par le mythe, En 1990, l’équipe argentine emmenée par Maradona gagne contre l’Italie en demi-finale de la Coupe du monde. Un match programmé au stade San Paolo de Naples qui l’avait sacré six ans plus tôt. L’affront ne lui sera jamais pardonné.

Oscillant entre le génie de Maradona, sa fantastique science du jeu, et les fêlures de Diego, le documentaire réalisé à partir de plus de 500 heures d’images inédites issues des archives personnelles du footballeur, est passionnant. Comme il sait si bien le faire, Asif Kapadia rend hommage à l’une des légendes alors vivantes du sport, à son parcours extraordinaire, en le montrant de l’intérieur. Un voyage propre à captiver tout le monde, du super spécialiste au béotien.

A revoir aussi Maradona par Kusturica (2008). Il nous plonge dans une discussion entre  la légende argentine et le réalisateur serbe, l’un de ses plus grands fans.

 

 

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