Grand écran: The Perfect Candidate", émancipation féminine en Arabie saoudite (11/08/2020)
Médecin dans la clinique d’une petite ville d’Arabie saoudite, Maryam, la trentaine, rêve d’obtenir un poste de chirurgien dans un grand hôpital de Riyad. Son ambition passe toutefois par sa participation à un important forum à Dubaï. Mais, célibataire et faute d’une autorisation de son père, musicien constamment en tournée, on lui refuse le droit de prendre l’avion. Révoltée par cette interdiction de voyager à l’étranger, la jeune femme décide de se présenter aux élections municipales. Sauf que ce n’est pas simple pour une femme de faire campagne dans son pays.
The Perfect Candidate est signé Haifaa al-Mansour. Cette réalisatrice saoudienne de 45 ans est notamment l’auteur de Wadja, tourné clandestinement pour raconter l’histoire à la fois simple et audacieuse d’une petite fille rebelle, se heurtant à un ordre établi où elle ne peut que devenir épouse et mère. Sorti en 2013, c’était le premier long métrage officiel produit par l'Arabie saoudite et surtout réalisé par une femme. Avec cette nouvelle histoire d’émancipation elle témoigne, sept ans plus tard, des changements qui se sont produits dans son pays.
Symbole de cette transformation, le film commence avec Myriam, au volant de sa voiture, l’autorisation de conduire ayant été délivrée en 2018. Dans la foulée, les femmes ont également été autorisées à assister à des matches de football et à accéder à des emplois autrefois récemment strictement réservés aux hommes. Et depuis août 2019, elles ont le droit de voyager sans l’accord d’un tuteur.
Mais en dépit de ces bouleversements, les Saoudiennes craignent encore de s’approprier ces libertés. Il faudra un changement profond des esprits pour qu’elles s’accordent une autonomie à laquelle elles ont désormais accès. D’où le désir de la cinéaste de montrer le quotidien d’une femme représentative de la mentalité de ses congénères. Traditionnelle, culturellement conservatrice, elle se couvre les cheveux et le visage, mais tentera de s’affranchir des restrictions sociales pour mieux faire son travail, tout en encourageant d’autres femmes de se lancer à l’eau pour tirer le meilleur parti qui s’offre à elles.
La révocation des lois de tutelle par le gouvernement ne change toutefois pas fondamentalement le problème des inégalités. Le chemin est encore long comme le montre Haïfaa al-Mansour dans cette comédie dramatico-politique engagée, portée par l’excellente Mila Alzahrani. Dans une observation intelligente et ironique du sexisme, son auteure traite avec beaucoup de lucidité et une certaine légèreté de sujets aussi sérieux qu’importants.
A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès le 12 août.
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