Grand écran: "Seules les bêtes", un polar rural inquiétant, tortueux et mystérieux (07/01/2020)

CHANSON-4_960x500_acf_cropped.jpgUne femme disparaît. Le lendemain d’une tempête de neige, sa voiture est retrouvée sur une route conduisant au plateau où subsistent quelques fermes isolées. Les gendarmes n'ont aucune piste, mais cinq personnes sont liées à cette disparition. Chacune a son secret, mais personne ne se doute que cette histoire a commencé́ loin de cette froide montagne venteuse, sur un continent où la chaleur règne. Mais où certains se débrouillent pour rendre la pauvreté moins pénible au soleil…

Vingt ans après Harry, un ami qui vous veut du bien, où il nous emportait par son art de la manipulation et de la perversion, Dominik Moll, confirmant son talent de conteur et de metteur en scène, récidive dans le genre avec Seules les bêtes, adapté du roman éponyme de Colin Niel et chapitré selon les prénoms des cinq personnages. 

Dans ce polar rural noir, inquiétant et tortueux qui se mue petit à petit en drame psycho-pathétique, Il livre un récit troublant, aussi mystérieux, complexe et fascinant que ses personnages en quête de bonheur, mais aux curieuses motivations. Qu’il s’agisse du paysan collé à son ordinateur ou souffrant d’abandon, de la bourgeoise évanouie dans la nature ou de la jeune fille se remettant d'une peine de cœur dans les bras de cette dernière (photo).

Cette glaçante, grinçante et énigmatique intrigue avance par couches et indices successifs, le cinéaste adoptant tour à tour les points de vue des personnages principaux. Du plateau de Causse enneigé, il nous emmène en Côte d’Ivoire où de jeunes hackers, les Brouteurs, piègent des hommes en mal d’amour en fabriquant de faux profils féminins pour leur piquer leur argent. Réaliste et convaincant, Dominik Moll explore la solitude contemporaine, les dégâts de la misère affective, en traitant de l’illusion aux effets dramatiques des réseaux sociaux sur des proies faciles.

Si le sixième long métrage en forme de puzzle de Dominik Moll est une réussite, en dépit de retournements et d’un dénouement plus ou moins extravagants mais peu importe en l’occurrence, il le doit évidemment aussi à ses comédiens. Ils sont tous formidables à l’image de Denis Ménochet confondant de naïveté, de l’intense Laure Calamy, du taiseux Damien Bonnard, ou encore de la cruelle Valeria Bruni Tedeschi, bobo qui surprend par une dureté inhabituelle.

A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 8 décembre.

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