Festival de Locarno: "Vitalina Varela" de Pedro Costa remporte le Léopard d'or (17/08/2019)

oc1132814_p3001_275450.jpgC’était couru et les inconditionnels du cinéaste ont le sourire. Le Portugais Pedro Costa, qui avait déjà remporté la mise en scène en 2014 pour Cavalo Dinheiro, a fait encore mieux en décrochant le Léopard d’or de cette 72e édition pour Vitalina Varela. C’est aussi le nom de sa comédienne principale, à laquelle la présidente Catherine Breillat et ses jurés, dévoilant un palmarès très cinéphile, ont remis le prix d’interprétation.

Ce drame formellement parfait est tourné presque entièrement tourné dans l’obscurité, Eprouvant par sa lenteur, d’une splendeur d'ébène comme sa protagoniste, il montre une quinquagénaire capverdienne débarquant dans un bidonville lisboète trois jours après les obsèques de son mari. Celui-ci avait quitté son archipel dans sa jeunesse pour chercher du travail en Europe et Vitalina a attendu de le rejoindre pendant 25 ans. Elle se retrouve dans la maison en ruine construite par le défunt et qu’elle va s’atteler à rebâtir.

Les autres prix

Le Sud-Coréen Park Jung-Bum, qui a plongé nombre de spectateurs dans une léthargie profonde, a reçu le prix spécial pour Pa-go, tandis que le Français Damien Manivel remporte logiquement celui de la mise en pour Les enfants d’Isadora, une œuvre évoquant Mother, danse solo composée par Isadora Duncan à la suite de la mort tragique de ses deux enfants. Le film rend ainsi hommage à la danseuse mythique aussi libre que créative.

De son côté Regis Myrupu a été sacré meilleur acteur dans A Febre. Par ailleurs une mention spéciale est allée à Hiruk-Pikuk si al-kisah de l’Indonésien Yosep Anggi Noen et Maternal de l’Italienne Maura Delpero. Enfin Camille du Français Boris Lojkine, a gagné le prix du public. On y suit une jeune idéaliste partie en Centrafrique couvrir la guerre civile et dont le destin va basculer.

Un mot sur le Lausannois Basil da Cunha que beaucoup voyaient remporter l’or. Avec O Fim do Mundo (La fin d’un monde) qui se déroule, comme l'opus de Pedro Costa, dans un quartier délabré de Lisbonne. Malheureusement pour lui, il est reparti les mains vides. Il aurait pourtant mérité au moins un leopardeau.

Un cru 2019 convainquant

Mais il n’y a pas que la compétition à Locarno. Si la nouvelle directrice Lili Hinstin n’a pas renversé la table à cet égard, elle n’en a pas moins concocté un menu 2019 dans l’ensemble convaincant, comme en témoignaient les files de spectateurs dans les diverses sections. Avec parfois la crainte de ne pouvoir entrer.

Outre la rétrospective Black Light, comme toujours bien suivie, on retiendra l'intéressante et divertissante programmation sur la Piazza Grande, avec cette nouvelle approche de films d’auteurs côtoyant le cinéma grand public. On a déjà cité Magari, La fille au bracelet. Once Upon A Time… In Hollywood, Diego Maradona, Camille. On peut ajouter Days Of The Bagnold Summer, une comédie anglaise plutôt rafraîchissante. Ou encore, dans Crazy Midnight, The Nest, un petit film flirtant avec un fantastique mêlé d’une pointe d’horreur.

Pour conclure, on dira simplement que Le Festival de Locarno est entre de bonnes mains.

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