Grand écran: Laetitia Carton nous emmène au Bal Trad pour danser jusqu'à l'aube (31/10/2018)

gennetines.JPGChaque mois de juillet, plus de deux mille personnes affluent de l'ensemble du continent à Gennetines, dans l’Allier, pour participer au Grand Bal de l’Europe. Ce festival de danses traditionnelles, créé en 1990, est devenu une véritable institution au fil des années. Pendant quinze jours, professionnels et amateurs mêlés enchaînent bourrée, polka, mazurka, scottish. Ignorant la fatigue, tout le monde virevolte avec tout le monde jusqu’à l’aube, les femmes avec les hommes, les filles avec les filles, les garçons avec les garçons.

Après J'avancerai vers toi avec les yeux d'un sourd, c’est ce Grand Bal, son quatrième documentaire, que la réalisatrice Laetitia Carton nous fait découvrir. Piquée par le virus du Bal Trad après en avoir elle-même un soir connu l’ivresse, elle est devenue accro, à l'image des danseurs qui se pressent avec passion sur les sept parquets et dans les trois ateliers.

Dans une ambiance musicale, chaleureuse, champêtre, on trouve toutes les générations (la doyenne a 93 ans et elle vient chaque année), tous les milieux, tous les genres, tous les physiques. Et s'il y a une majorité de Français, on y croise aussi toutes les nationalités, Suisses, Belges, Portugais, Anglais, Hollandais.

De jour et de nuit, plaçant l’humain au centre, Laetitia Carton a filmé l’événement, cette «parenthèse enchantée» comme elle l’appelle, rendant un hommage vibrant à un monde dynamique et vivant. Une façon pour elle de retendre le lien social, en célébrant le mouvement, la liberté, le lâcher prise, le désir d’aller l’un vers l’autre le temps d’une valse, d’une gavotte.

508556.jpg-c_215_290_x-f_jpg-q_x-xxyxx.jpgDes idées venues de son vécu

Laetitia Carton trouve toujours ses idées dans son vécu. Ses films naissent d’une envie de le partager, de le rendre visible. "J’ai découvert le documentaire sur le tard. La fiction ma dégoûtée à cause de l’ambiance sur le tournage. Là j’ai trouvé ma place, avec une équipe légère. Un chef op, un ingénieur du son et hop on y va".

La réalisatrice danse depuis l’âge de 5 ans. "J’ai participé pour la première fois au Bal Trad en 2000. C’est tellement extraordinaire ce qui se passe, cette vibration, cette osmose. J’ai pensé en faire un documentaire pendant des années. Mais je n'osais pas laisser entrer la caméra dans cet univers. Je craignais de l‘abîmer. En 2015 une équipe de TF1 est venue faire un petit sujet. S’ils peuvent, moi aussi, me suis-je alors dit".

Elle a beaucoup discuté avec les danseurs pour leur expliquer son point de vue, son désir de les rendre beaux. "La beauté est essentielle, Elle donne de la force. On vit dans un monde de brutes. La plupart m’a fait confiance, mais certaines personnes étaient réticentes à l’ide d’être filmées. On les a donc évitées ».

Le 17 mai dernier, le film sélectionné à Cannes a été projeté sur la plage. "C’était magique. Ils ont été plus de 1000 à danser après la projection. 200 ont débarqué juste pour l’occasion de Belgique et d’Espagne. Il y avait des Chinois pieds nus et en costume qui ont dansé la bourrée auvergnate!" 

Eclectique, Laetitia Carton a déjà pensé à la suite. «"J’ai commencé un film sur Vichy. C’est de là que je viens et j’ai un rapport complexe avec ce lieu. C’est une tentative de réconciliation. Je voulais savoir si c’était aussi difficile pour les autres que pour moi. Je pense par ailleurs à une fiction sur le polyamour avec une volonté de transparence et de communication. Je veux sortir de la culture de l’adultère et du mensonge qui font souffrir tant de monde".

A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 31 octobre.

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