Grand écran: Bruno Podalydès fait revivre Bécassine dans une jolie fable burlesque (20/06/2018)

26275.jpegBécassine est née dans une ferme bretonne le jour où des bécasses survolaient son village. Devenue adulte, toujours vêtue de sa coiffe blanche assortie à son tablier et de sa robe verte, elle a gardé sa naïveté d’enfant et rêve d’aller à Paris. Prête à avaler les nombreux kilomètres qui la séparent de la capitale, elle se met joyeusement en route avec son baluchon, mais ne tarde pas à voir s’achever un périple à peine entamé.

L’ingénue voyageuse (Emeline Bayart) croise en effet la marquise de Grand-Air (Karin Viard) accompagnée de son ami Monsieur Proey-Minans (Denis Podalydès, frère du cinéaste). Elle lui propose de venir au château pour s’occuper de sa fille adoptive Louise-Charlotte dite Loulotte (Maya Compagnie), un amour de bébé dont Bécassine s’entiche d’emblée. C’est alors que débarque le tintinesque marionnettiste ambulant Rastaqueros (Bruno Podalydes, derrière et devant la caméra) à l’improbable sens des affaires et qui s’emploie à ruiner la marquise conquise par cet escroc charmeur. Mais Bécassine va veiller au grain…

Cette deuxième adaptation avec acteurs de la célèbre bande dessinée apparue en 1905 sous la plume de Jacqueline Rivière et le dessin d’ Émile-Joseph Pinchon,s’est attiré les foudres d’un collectif breton qui en a apparemment marre de Bécassine. Se disant indépendantiste, féministe écologique et internationaliste, il dénonce une caricature et une insulte à toutes les Bretonnes, appelant à un boycott du film, tout comme cela avait été le cas en 1939 pour celui de Pierre Carron avec Paulette Dubosc en 1939.

Bricoleuse pleine d'imagination

Une colère très minoritaire, selon l’auteur, mais surtout très étonnante en regard de l’oeuvre. Fidèle à la candeur de son héroïne, Bruno Podalydès est très loin de la prendre pour une sotte ou une paysanne mal dégourdie. Se libérant des clichés, Il en fait une créature au cœur pur, généreuse, mais surtout pleine d’imagination, ingénieuse, inventive, créative, dans cette jolie fable douce où le cinéaste propose quelques scènes désopilantes.

Comédienne de théâtre, Emeline Bayart, que Bruno Podalydès avait déjà dirigée dans Bancs publics. Adieu Berthe et L’enterrement de mémé se coule dans le costume de Bécassine, qui lui va comme un gant. Lumineuse elle séduit avec ses grands yeux bleus curieux, son côté bricoleuse, sa capacité d’émerveillement, sa générosité, sa façon irrésistible de marcher en se dandinant, fesses cambrées et buste en avant. Elle évolue idéalement dans l’univers burlesque, poétique, tendre, teinté de mélancolie du réalisateur foufou de Comme un avion.

A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 20 juin.

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