Grand écran: "Abracadabra", farce espagnole brouillonne entre outrance et caricature (03/05/2018)

Abracadabra.jpgFemme au foyer, Carmen est mariée à Carlos, un grutier macho, fan de foot bas de plafond qui s’excite en beuglant devant un match Real-Barça, traitant sa femme et sa fille comme des esclaves à son service. Et puis un jour, suite à une séance d’hypnose dont il est le cobaye lors d’un mariage, Carlos devient l’époux parfait en sortant de sa transe.

Aux petits soins pour madame, il se met à préparer les repas, à passer l’aspirateur, à faire la vaisselle et aide sa fille pour ses devoirs de math et de chimie. Mais il est aussi inquiétant que mari et père idéal car habité par le mystérieux esprit d’un tueur en série, disparaissant la nuit pendant plusieurs heures sans s’en souvenir le lendemain.

Abracadabra, signé Pablo Berger, est l’exact contraire de Biancanieves (2012), son fascinant film muet tourné en noir et blanc et qui se déroulait à Séville en 1920. Là on est dans la banlieue de Madrid en 2010. Et l’auteur se laisse aller à une débauche de couleurs criardes des années 80 dans une comédie saupoudrée de drame, de thriller et de fantastique qui se veut exubérante, acide, grinçante et délirante. Tout en surfant notamment sur une improbable émancipation de la femme, la transformation du comportement de Carlos ravivant chez Carmen des fantasmes enfouis et des désirs oubliés.

En réalité, le film au scénario brouillon se limite à une farce indigeste, l’auteur se livrant à une surenchère dans l’invraisemblable, l’outrance, la caricature, le grossier et le vulgaire. Dommage pour les comédiens dont Antonio de la Torre et surtout Maribel Verdu, la méchante dominatrice dans Biancanieves, se retrouvant là en potiche souriante, aux robes aussi tapageuses et clinquantes que son maquillage. Mais en définitive évidemment, pas si faible qu’elle en a l’air….

A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 2 mai.

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