Grand écran. "Hounds Of Love", thriller anxiogène au climat délétère (07/11/2017)
Australie, été 1987, dans une banlieue de Perth. Alors qu’elle désobéit à sa mère et sort par la fenêtre de sa chambre pour se rendre à une soirée, la jeune Vicki Maloney est abordée dans la rue par Evelyn et John White, des trentenaires qui l’invitent chez eux. Elle accepte, mais réalise rapidement qu’elle est tombée dans un piège cauchemardesque.
Séquestrée, ligotée, enchaînée aux montants du lit, bâillonnée, Vicki va pourtant trouver la force de résister. Si elle a agi par naïveté en se laissant embarquer par des inconnus, elle est également dotée d’un caractère bien trempé. Elle comprend que sa seule chance de survivre est d’exploiter les failles de ces deux psychopathes, opposant son intelligence et son ingéniosité à leur folie et leurs pulsions meurtrières.
Un premier film en forme de thriller pavillonnaire, révélant l’horreur derrière la tranquillité apparente d’une banlieue de classe moyenne. Un thriller à la David Lynch où le réalisateur Ben Young, s'inspirant de divers cas réels nous plonge tout de suite dans une atmosphère anxiogène. De sa voiture parquée près d’un terrain de sport, le couple de chasseurs pervers observe un groupe de jeunes filles. On l’imagine choisissant sadiquement ses futures proies, pour les torturer et les tuer.
Tout au long de ce Hounds Of Love (Love Hunters) où se succèdent des scènes de soumission, d’emprise, de viol, Ben Young se concentre sur le psychisme complexe des ravisseurs, explorant la part glauque d'une dangereuse relation fusionnelle. Nous laissant d’abord découvrir la situation terrifiante du point de vue de Vicki, puis de celui de la femme complice et amoureuse du taré dont elle partage la dépravation, en infligeant des sévices sexuels aux victimes.
Heureusement, l'auteur laisse le plus souvent la violence hors-champ. Car si le film confine au malsain, c’est bien davantage à travers ce qu’il suggère que par ce qu’il montre que Ben Young parvient à créer la tension. A l’image d’une porte qui se ferme sur un terrible hurlement, moment infiniment plus glauque et effrayante que la plus gore des scènes.
Certes, cette incarnation du Mal a son origine. Mais si on découvre souffrance intense et humiliation sociale derrière ses protagonistes tueurs que leurs phobies et leurs traumatismes ont conduits à la négation pure et simple des autres, Ben Young n’excuse ni n’explique leur monstruosité et leur cruauté. Pas davantage qu’il n’évoque une quelconque rédemption.
Tout en s’appuyant sur un bon trio d'acteurs (Ashleigh Cummings dans le rôle de Vicki, Emma Booth, l'héroïne zombie de la série australienne Glitch dans celui d’Evelyn et Stephen Curry dans celui de John) Ben Young livre ainsi un métrage efficace entre thriller au réalisme sordide, mélodrame conjugal malsain et huis-clos étouffant. On lui reprochera pourtant un climat trop complaisamment délétère, des longueurs et un abus pénible de ralentis.
de ralentis.
A l’affiche dans es salles de Suisse romande dès mercredi 8 novembre.
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