Grand écran: Juliette Binoche en quête d'amour chez Claire Denis (03/10/2017)
Quatre ans après Les salauds, Claire Denis se penche avec tendresse, malice et cruauté sur les affres d’Isabelle dans Un beau soleil intérieur. Une comédie librement adaptée de Fragments d’un discours amoureux du philosophe français Roland Barthes et un scénario co-écrit avec Christine Angot, qui signe également les dialogues.
Artiste peintre divorcée, mère d’une petite fille de dix ans, une très séduisante quinquagénaire un peu perdue veut profiter de la seconde partie de sa vie. Comme une adolescente, Isabelle est persuadée que l’amour, le vrai, l’absolu, existe et le cherche désespérément. Mais la communication passe mal avec l’élu potentiel, ses liaisons sont chaotiques et elle va de déception en déception.
Tocards, médiocres et cons
Passant d’un amant à l’autre, elle ne tombe que sur des hommes plus ou moins veules et ridicules, petits salauds tocards médiocres et cons. A l’image d’un banquier marié d’une rare goujaterie qui ne quittera pas sa femme et qui débarque fleurs à la main avec juste « une folle envie de la niquer » (elle lui demande d’ailleurs de jouir vite), d’un galeriste méprisant, d’un acteur torturé, d’un ex-mec manipulateur. Sans oublier le voisin falot et empressé qui, sans illusions, tente platement sa chance à la poissonnerie du coin.
Une liste non exhaustive des expériences auxquelles se livre une Juliette Binoche que tous poursuivent. Ce qui n’a rien d’étonnant. Elle n’a jamais été aussi belle, rayonnante, sexy, dans ce film de femmes où les hommes, de Xavier Beauvois à Nicolas Duvauchelle en passant par Bruno Podalydès et Philippe Katerine, n’ont décidément pas le beau rôle. En revanche, ils sont tous excellents, se prêtant gracieusement au portrait rosse que fait d’eux une Claire Denis déconcertante dont le cinéma évolue là vers une forme de légèreté plutôt surprenante.
Gérard Depardieu irrésistible
La réussite d’Un beau soleil intérieur tient également au texte de Christine Angot. La romancière prend apparemment un malin plaisir à multiplier les clichés du moment, les lieux communs, les platitudes, les poncifs, les phrases toutes faites au service d’une psychologie de bazar. Une œuvre singulière, d’une drôlerie vacharde qui s’achève avec une scène où Isabelle va consulter un radiesthésiste. Un face à face d’anthologie où le grand et doux Gérard Depardieu se montre irrésistible, alignant les banalités dans l’air du temps et jouant les messies en en lui annonçant la venue d’une nouvelle personne...
A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 4 octobre.
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