Grand écran: "Court" dénonce le système judiciaire indien. Un constat édifiant (10/05/2017)
Un ouvrier du traitement des eaux est retrouvé mort dans un égout. Narayan Kamble, un chanteur sexagénaire contestataire, dont les textes appellent à se lever, à connaître son ennemi, évoquent la crise et fustigent la suprématie de l’argent, est arrêté alors qu’il se produit sur scène.
On l’accuse d’avoir poussé l’homme au suicide par le biais d’une de ses compositions. Commence alors un interminable procès qui s’enlise dans l’absurde.
Pour son premier film situé à Bombay dans les années 90, Chaitanya Tamhane, réalisateur indien de 27 ans dénonce les dérives judiciaires, décrivant en détail un système qu’une police harceleuse et les lenteurs extrêmes de la procédure font tourner en rond,
Le cas de l’ouvrier décédé sert de fil rouge. D’autres se succèdent, soulignant les limites entre le droit, la morale et la religion. Suivant le juge, l’avocat et la procureure lors des audiences et dans leur vie privée, le réalisateur propose un constat édifiant sinon effrayant entre documentaire et fiction, drame social et film à procès sous tension, traversé par un constant sentiment d’injustice.
Une radiographie subtile
Impeccablement mis en scène, Court inspiré d'histoire vraies, pointe les arrestations arbitraires, le manque de preuves, le développement d’arguments fallacieux, les explications farfelues, ubuesques, les pressions sur les témoins. Par exemple celle d’un témoin oculaire "habituel", dans la mesure où il est présenté à la barre dans quatre autres affaires, sur lesquelles enquêtent les mêmes policiers...
Chahitanya Tamhane livre ainsi une radiographie subtile de la société indienne. Il en analyse la complexité, la violence latente, la proscription de la liberté d’expression ou de l’engagement politique.
A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 10 mai.
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